• Gylfaginning

     

    501 (Album The Varangian Way). Turisas.

     

    XXXV- Gangleri s'enquit ensuite : "- Qui sont les Asynes ?"
    Très-Haut dit : "- Frigg est la première d'entre elles ; elle possède une demeure des plus glorieuses, nommée Fensalir.

    La deuxième est Saga, qui réside à Søkkvabekkr1, une grande maison.

    La troisième est Eir, le meilleur des médecins.

    La quatrième, Gefjon, est vierge, et celles qui meurent vierges la servent.

    La cinquième est Fulla, jeune fille également, aux cheveux détachés et portant un bandeau d'or autour de la tête. Elle porte le coffret de Frigg, a la charge de ses chaussures, et partage ses secrets.

    Freyja est avec Frigg la plus noblement née. Son époux se nomme Odr. Leur fille est Hnoss, et elle est si belle que les choses précieuses et belles sont qualifiées de hnossir2. Odr est parti au loin pour de longs voyages, et Freyja pleure depuis, et ses larmes sont d'or rouge. Freyja porte de nombreux noms, et la cause en est qu'elle se fit appeler différemment, lorsqu'elle s'en  alla parmi des peuples inconnus à la recherche d'Odr : elle porte les noms de Mardöll et Hörn, Gefn, Syr. Freyja possède le collier Brisingamen. Elle est également surnommée Vanadis, Dise des Vanes.

    La septième est Sjöfn : elle est des plus diligentes lorsqu'il s'agit de tourner vers l'amour l'esprit des hommes et des femmes. Le désir amoureux porte son nom : sjafni.

    La huitième est Lofn ; elle est si aimable et gracieuse pour ceux qui la prient qu'elle a obtenu d'Alfather et de Frigg la permission d'unir hommes et femmes à qui le mariage était interdit auparavant, ou catégoriquement refusé. De son nom viennent les mots désignant la permission, lof, et quelque chose d'aimable, lofat.

    La neuvième est Var, elle veille sur les serments et pactes conclus entre hommes et femmes. C'est pourquoi ces accords portent le nom de varar, promesses solennelles. Elle tire vengeance de ceux qui se parjurent.

    La dixième est Vor. Elle est savante et d'esprit curieux, de sorte qu'il est impossible de rien lui cacher. On dit ainsi qu'une femme est vor, consciente, de quelque chose dont elle est informée.

    La onzième est Syn. Elle veille sur la porte de la halle et la verrouille devant ceux qui ne doivent pas entrer. Au tribunal, on lui attribue la défense des procès qu'elle souhaite réfuter. D'où le fait que l'expression "syn", qui signifie dénégation lorsque quelqu'un nie, vienne de son nom.  

    La douzième est Hlin. Elle veille sur les hommes que Frigga tient à protéger de tout danger, et de là vient l'expression qui dit que celui qui parvient à se préserver est protégé (hleinir).

    Snotra est la treizième. Elle est prudente et de contenance aimable. Un homme ou une femme de tempérament modéré est qualifié de snotr d'après son nom.

    La quatorzième est Gna. Frigg l'envoie en mission dans divers pays, et elle possède ce cheval qui galope à travers ciel et mer et nommé Hofvarpnir3. Un jour qu'elle chevauchait, des Vanes virent sa course dans les airs, et l'un d'eux demanda :

    "Qui vole là-bas ?
    Qui chevauche là-bas ?
    Ou passe dans les airs ?"

    Elle répondit :

    "Je ne vole point
    Bien que je voyage
    Et glisse dans l'air
    Avec Hofvarpnir,
    Que Hamskerpir
    Eut de Gardrofa."

    Du nom de Gna vient que ce qui se dresse haut se nomme gnaefa.

    Sol et Bil sont comptées parmi les Asynes, mais il en a déjà été question auparavant4.

     

    XXXVI- Il y a également celles dont la fonction est de servir à la Valhalle, de verser la boisson, de s'occuper du service à table et des flacons de bière. Ainsi sont-elles nommées dans les Grimnismal :

    "Hrist et Mist,
    M'amènent la corne à ma demande,
    Skeggjöld et Skögul
    Hlid et Thrud
    Hlökk et Herfjötur,
    Göll et Geirönul,
    Randgrid et Radgrid,
    Et Reginleif
    Servent la bière aux einherjar."

    On les appelle Valkyries. Odin les envoie dans chaque bataille. Elles décident de la chance des hommes et récompensent la victoire. Gudr et Rota et la plus jeune des nornes, Skuld, chevauchent sans cesse pour choisir les morts et décider des batailles.

     

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    Le choix des Einherjar. F.W. Heine.

     

    Jörd, la mère de Thor, et Rindr, celle de Vali, sont aussi comptées au nombre des Asynes. 

     

    XXXVII- Il était un homme nommé Gymir et son épouse, Aurboda. Elle était de la race des géants des collines. Leur fille se nommait Gerdr, la plus plaisante de toutes les femmes. Il advint qu'un jour Freyr prit place sur Hlidskjálf et observa tous les mondes. Mais lorsque son regard se tourna vers les régions du nord, il vit une grande et belle demeure dans un domaine. Et vers cette demeure se dirigeait une femme. Lorsqu'elle leva les bras pour ouvrir la porte devant elle, leur éclat éblouit aussi bien le ciel que la mer, et le monde entier en fut illuminé.

     

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    Freyr regarde le monde. Frolich.

     

    Ainsi, en punition de l'arrogance qui lui avait fait prendre place sur ce siège sacré, Freyr s'en alla plein de chagrin. Une fois chez lui, il garda le silence, perdit le sommeil, cessa de boire. Nul n'osa plus s'adresser à lui. Alors Njörd appela Skirnir, le valet de pied de Freyr, auprès de lui, le pria de se rendre auprès de Freyr et lui demanda de lui parler et de s'enquérir de la raison qui le rendait si amer qu'il ne voulait plus discuter avec qui que ce fût. Skirnir lui répondit qu'il irait, encore qu'à contrecœur, et qu'il s'attendait à des réponses désagréables de la part de Freyr. 
    Et lorsqu'il fut auprès de Freyr, il lui demanda sans détour pourquoi il était si abattu et ne conversait plus avec personne. Freyr répondit alors et dit qu'il avait entrevu une très belle femme. Et qu'en pensant à elle, il était si plein de chagrin qu'il ne voulait pas vivre plus longtemps s'il ne pouvait l'obtenir. "Et maintenant, tu vas aller auprès d'elle et la courtiser pour moi, et la ramener ici, que son père le veuille ou non. Je te récompenserai bien pour cette mission." Skirnir lui répondit qu'il accomplirait cette mission, mais que Freyr devait lui donner sa propre épée, si excellente qu'elle combattait d'elle-même, et Freyr ne refusa point mais lui confia son épée. Ensuite Skirnir partit demander la main de la femme pour Freyr, et en reçut la promesse que neuf nuits plus
    tard, elle se rendrait au lieu nommé Barrey, et épouserait Freyr. Mais lorsque Skirnir rapporta cette réponse à Freyr, il chanta ce lai5 :

    ''Longue est une nuit,
    Longue est la deuxième ;
    Comment en supporterais-je trois ?
    Souvent un mois me semble moins long
    Qu'une seule nuit d'attente".

    Et c'est ainsi que Freyr fut désarmé lorsqu'il affronta Beli et dut le combattre avec un bois de cerf."

    Gangleri remarqua alors : "- Il est vraiment très étonnant qu'un chef tel que Freyr ait accepté de se se séparer de son épée, n'en ayant pas d'autre aussi bonne. Ce fut pour lui un grand désavantage lorsqu'il combattit Beli, et par ma foi, il a dû regretter ce cadeau."

    Très-Haut rétorqua : "- Cela n'eut guère d'importance lorsque Beli et lui combattirent. Freyr aurait pu le tuer même du poing, Mais viendra un moment où Freyr pensera que la pire des choses lui advint lorsqu'il se sépara de son épée, et ce sera le jour où les fils de Muspell partiront pour la guerre.6

     

    Gylfaginning, ragnarok, freyr, surtur 

    Ragnarök (Freyr et Surtur au second plan à droite). C.E. Doepller.

     

     XXXVIII- Gangleri dit alors : "- Tu as dit que ceux des hommes qui sont tombés sur les champs de bataille depuis le début du monde se trouvent à présent chez Odin à la Valhalle. Qu'a-t-il à leur donner comme nourriture ? Car je pense qu'il a un grand nombre d'hôtes."
    Très-Haut répondit : "- Ce que tu dis est vrai: une très grande multitude loge ici, mais il y en aura bien plus, bien que cela semble à tous insuffisant, au moment où le Loup viendra. Mais une telle multitude ne sera jamais si nombreuse qu'en vienne à manquer la viande du sanglier nommé Sæhrímnir : il est cuit chaque jour et à nouveau entier tous les soirs. Mais pour la question que
    tu te poses à présent, il me semble que peu seraient assez savant pour y répondre de façon véridique. Le nom de celui qui cuisine est Andhrímnir, et celui de son chaudron, Eldhrímnir, ainsi qu'il est dit ici7 :

    "Andhrimnir fait dans Eldhrimnir  
    Cuire Saehrimnir, la meilleure des viandes ;
    Mais peu d'hommes savent
    De quoi se nourrissent les einherjar."

     Gangleri reprit : "- Odin a-t-il le même régime que ses champions ?"

    Très-Haut répondit : "- La nourriture qui lui est servie à table, il la donne à ses deux loups, nommés Geri et Freki8 ; mais lui n'a besoin d'aucune nourriture, et l'hydromel lui est à la fois nourriture et boisson, ainsi qu'il est dit ici7

    "Geri et Freki sont nourris par Herjaföder,  
    Le plus glorieux des antiques guerriers :
    Parce que d'hydromel seulement, le Dieu des Armes,  
    Odin, vivra toujours."

    Les corbeaux sont assis sur ses épaules et le racontent à l'oreille toutes les nouvelles qu'ils ont vues ou entendues. Ils se nomment ainsi : Hugin et Munin. Il les envoie au point du jour voler à travers le monde, et ils reviennent pour le déjeuner. Ainsi, il est au courant de maints événements. C'est la raison pour laquelle il est surnommé Dieu aux Corbeaux, ainsi qu'il est dit ici7 :

    "Hugin et Munin volent chaque jour
    Au-dessus de Midgard ;
    Je m'inquiète que Hugin n'en revienne pas,
    Et plus encore je m'inquiète pour Munin."

     

    Gylfaginning, hugin, munin, geri, freki

    Hugin et Munin, Geri et Freji. L. Moe.

     

    XXXIX- Gangleri demanda encore : "- Que boivent les Einherjar, qui leur suffise autant que la nourriture ? Ou boit-on de l'eau, là-bas ?" 

    Très-Haut répondit : "- Quelle étrange question ! Comme si Alfather invitait des rois et des jarls ou d'autres hommes puissants, et leur servait de l'eau comme boisson ! Je sais, par ma foi, que plus d'un homme arrivant à la Valhalle penserait qu'il a chèrement payé son eau, s'il n'était mieux traité, lui qui vient de souffrir blessures et douleurs brûlantes dans la mort. Je peux te raconter une bien différente histoire. La chèvre qu'on nomme Heidrun vit à la Valhalle et broute les jeunes pousses du très réputé arbre Laerad. Et de ses pis, l'hydromel coule en telle abondance qu'il peut emplir une cuve tous les jours, et celle-ci est si vaste que tous les champions peuvent en boire jusqu'à l'ivresse. 

    Gangleri reprit : "- Voilà une chèvre qui leur est merveilleusement utile. Et il doit s'agir d'un très excellent arbre que celui qu'elle mange."

    Très-Haut parla à nouveau : "- Bien plus remarquable est le cerf  Eikthyrni qui se tient sur la Valhalle et mange les rameaux de l'arbre. De ses bois se distille un suintement si abondant qu'il coule dans Hvergelmir, et que de là prennent leur source les rivières ainsi nommées :  Síd, Víd, Søkin, Eikin, Svöl, Gunnthrá, Fjörm, Fimbulthul, Gípul, Göpul, Gömul, Geirvimul, qui coulent à travers les propriétés des Ases. Mais sont également mentionnées celles-ci : Thyn, Vín, Thöll, Höll, Grád, Gunnthráin, Nyt, Nöt, Nönn, Hrönn, Vína, Vegsvinn, Thjódnuma."

     

    XL- Gangleri remarqua : "- Tu m'informes là de choses extraordinaires. La Valhalle doit être une demeure étonnamment vaste, et il doit souvent y avoir foule devant la porte."

    Très-Haut reprit : "- Pourquoi ne demandes-tu pas directement combien de portes comprend la halle, ou quelle taille elles font ? Quand tu le sauras, nul doute que tu ne dises qu'il serait très étonnant que ceux qui veulent y entrer ou en sortir ne le puissent. Mais à dire vrai, il n'y a pas plus de presse à l'intérieur que pour y entrer. Ecoute à présent ce qui en est dit dans les Grimnismal :

    "Cinq centaines de portes et quarante en outre
    Je crois qu'il y a à Valhöll ;
    Huit centaines d'einherjar sortiront en même temps par chaque porte
    Quand ils iront combattre le Loup."

     

    1 : littéralement, "banc qui sombre".  La "grève du bas" ? 

    2 : joyaux

    3 : sabots véloces

    4 : dans le Gylfaginning II

    5 : voir aussi les Skirnirsmal

    6 : Freyr, armé d'une épée en bois de cerf, affrontera Surtur. Voir la Voluspa.

    7 : dans les Grimnismal

    8 : Affamé et Avide

     

    Voir aussi Asynjur, Valkyries I, II et III et les Petites Bêtes (iconographie mythologique)

     

    Gylfaginning                                                                                                                                                                Gylfaginning


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  •  Gylfaginning

    Valhalla, par Oakenshield.

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    XLI- Gangleri remarqua : "- Par ma foi, il y a une telle foule d'hommes puissants dans la Valhalle qu'Odin doit être un très grand chef, puisqu'il commande une si nombreuse armée.  Mais que font les champions, lorsqu'ils ne boivent pas ? 

    Très-Haut expliqua : "- Chaque jour, dès qu'ils sont vêtus, ils mettent leur armure, se rendent sur le champ clos et combattent, s'abattant les uns les autres. Telle est leur occupation, et lorsque vient le temps du déjeuner1, ils chevauchent vers la Valhöll et s'assoient pour boire, ainsi qu'il est dit ici2 :

    "- Tous les champions 
    Dans les enclos d'Odin,
    Se livrent combat 
    Chaque jour ;
    Ils choisissent leur victime,
    Reviennent à cheval du combat,
    Et s'assoient ensemble
    En toute amitié à table."

     

    Gylfaginning, valhalle

    Festin à la Valhöll. J. Gehrts.

     

    Mais tu as dit vrai : Odin est d'une grande puissance. Il existe bien des exemples qui le prouvent, ainsi qu'il est dit dans les paroles des Ases eux-mêmes3

    "Le frêne Yggdrasill est le plus grand des arbres,
    Skidbladnir, le meilleur des bateaux,
    Odin, le plus éminent des Ases,
    L'idéal des étalons, Sleipnir,
    Bifrost, le meilleur des ponts, Bragi, des poètes,
    Habrok, des autours, et des chiens, Garm."

     

    Gylfaginning, yggdrasil

    Le meilleur des arbres. Frolich.

     

    XLII- Gangleri s'enquit ensuite : "- Qui possède le cheval Sleipnir, et qu'y a-t-il à en dire ?"

    Très-Haut répondit : "- Tu n'as aucune connaissance en ce qui concerne Sleipnir, et tu ne connais pas les circonstances de son origine. Elles te sembleront dignes d'être contées. Cela se passa au début, quand les dieux vinrent s'établir ici après avoir créé Midgard et la Valhalle. Un certain maître artisan se présenta et leur offrit de construire une citadelle en trois saisons, tellement solide qu'elle pourrait résister aux géants des montagnes et aux thurses du givre, même s'ils devaient arriver jusqu'à Midgard. Mais il demanda comme gage d'obtenir Freyja, et ajouta Mani et Sol. Les Ases s'assemblèrent et tinrent alors conseil ; il fut conclu de proposer un marché à l'ouvrier, en ces termes : il obtiendrait ce qu'il avait demandé s'il réussissait à terminer le fort en un hiver. Au premier jour de l'été, si quelque partie de la forteresse était encore inachevée, il perdrait sa récompense. Il fut dit aussi qu'il ne devrait recevoir l'aide d'aucune personne pendant son travail. Lorsqu'ils lui présentèrent ces conditions, il demanda s'ils acceptaient de le laisser recevoir l'aide de son étalon, nommé Svadilfari. Loki intercéda, et cette clause fut accordée. 
    Il commença le travail de construction de la citadelle au premier jour de l'hiver, et la nuit, il hissait de gros blocs de pierre avec l'aide de son étalon. Et la taille des rochers que pouvait tracter le cheval sembla merveilleusement grande aux Ases, car l'animal abattait une plus rude besogne, de moitié, que l'artisan. Mais il y avait des témoins de leur marché, et de nombreux serments avaient été prononcés car il semblait dangereux que le géant restât sans cesse parmi les Ases si Thor devait revenir à la maison. Mais Thor était pour le moment parti dans l'est, combattre les trolls.
    Et lorsque l'hiver tira à sa fin, la construction de la forteresse était bien avancée, et elle était si haute et puissante qu'elle ne pouvait être prise. A trois jours de l'été, ne manquait plus que la porte de la place forte. Alors les dieux se réunirent sur les sièges du jugement, et tinrent conseil, se demandant les uns aux autres qui avait conseillé de donner Freya à Jotunheim, ou de détruire ainsi l'air et les cieux en enlevant le soleil et la lune pour les donner aux géants.  Les dieux tombèrent d'accord sur le nom de celui qui était responsable de ce pacte désastreux, Loki fils de Laufey, et déclarèrent lui réserver un bien mauvais sort s'il ne se débrouillait pas pour que le géant n'honore pas son contrat, et le menacèrent avec violence. Commençant à avoir peur, il s'engagea par serment à trouver un moyen de ne pas payer ses gages au géant, quoi qu'il lui en coûtât.

    Le même soir, lorsque l'ouvrier partit chercher des pierres avec son étalon Svadilfari, une jument surgit d'une forêt proche et hennit en sa direction.

     

    Gylfaginning, svadilfari, loki

     

    L'étalon, sentant de quelle sorte de cheval il s'agissait, devint aussitôt frénétique et brisa sa longe, et bondit vers la jument, et elle vers la forêt, et l'artisan après eux, tentant d'attraper son étalon. Les chevaux galopèrent toute la nuit, aussi le travail prit-il du retard cette nuit-là. Et le lendemain, le travail n'avança pas ainsi qu'à l'ordinaire. Lorsque le maître bâtisseur s'aperçut que l'ouvrage ne serait pas achevé à temps, il entra dans une fureur de géant. Ainsi, lorsque les Ases eurent la certitude de la sorte de géant des montagnes à laquelle ils avaient affaire, ils se dédirent de leur serment et appelèrent Thor, qui arriva promptement. Et aussitôt, il brandit le marteau Mjöllnir, payant le salaire du géant, mais pas avec le soleil et la lune ; plutôt, il lui refusa le séjour de Jotunheim, lui réduisant le crâne en miettes au premier coup qu'il lui asséna et l'envoyant directement tout en bas, sous Niflheim.

     

    Gylfaginning, asgard, hrimthurs

    Thor arriva promptement... A. Peacock

     

    Mais Loki avait eu de telles relations avec Svadilfari que quelque temps plus tard, il donna naissance à un poulain, gris de poil et à huit jambes. Et ce cheval est le meilleur chez les dieux et chez les hommes. Voilà ce qui en est dit dans la Voluspa :

    "Alors les dieux siégèrent dans la salle du jugement,
    Les divinités suprêmes se consultèrent :
    Qui avait empli l'air de venin
    Et promis aux géants l'épouse d'Odr ?

    Rompues furent les promesses, brisés les vœux et les serments,
    Les solennels accords conclus entre eux.
    Seul Thor combattit, gonflé de colère
    -Il reste rarement assis quand il apprend de telles choses-"

     

    XLIII- Gangleri reprit : "- Qu'y a-t-il à dire de Skidbladnir, qui est le meilleur des navires ? N'y a-t-il pas d'autre vaisseau de même taille ?"

    Très-Haut répliqua : "- Skidbladnir est bien le meilleur des vaisseaux, et fabriqué avec l'art le plus ingénieux. Mais Naglfar est le plus grand des bateaux, que possède Muspell. Des nains fils d'Ivaldi construisirent Skidbladnir et le donnèrent à Freyr. Il est si grand que tous les Ases peuvent prendre place à bord, avec leur équipement et leur armement. Il bénéficie d'un vent favorable dès que la voile est hissée, quelle que soit la direction qu'il doive prendre. Mais lorsqu'il n'y a pas lieu de prendre la mer avec lui, il est fait de tant d'éléments et avec tant d'habileté qu'il peut être replié comme une serviette et mis dans une poche."

     

    XLIV- Gangleri remarqua : "- Skidbladnir est un bon navire, et on a dû utiliser une grande magie pour le fabriquer ainsi. Thor a-t-il jamais fait une expérience de cette sorte, de croiser sur son chemin quelque chose de si fort ou de si puissant qu'il en ait été vaincu par le pouvoir de la magie ?"

    Très-Haut répondit : "- Ils sont peu nombreux, je pense, ceux qui pourraient te narrer de tels événements. Cependant, bien des épreuves lui ont semblé difficiles à surmonter. Bien qu'il ait pu exister quelque chose ou quelqu'un de si puissant ou résistant que Thor n'ait pu surpasser en remportant la victoire, il n'est pas nécessaire d'en parler, parce qu'il y a tant d'exemples pour démontrer, et auxquels tous sont tenus d'ajouter foi, que Thor est le plus puissant."

    Gangleri reprit : "- Il me semble que j'ai posé une question sur un sujet dont nul n'est en mesure de parler."

    Egal du Très-Haut prit la parole : "- Nous avons entendu des ouï-dires là-dessus, qui nous semblent incroyables, mais siège tout près d'ici quelqu'un qui saura t'en narrer les véritables détails. Il te faudra donc le croire puisqu'il ne mentira pas pour la première fois aujourd'hui, lui qui n'a jamais menti auparavant."

    Gangleri dit : "- Je resterai donc ici et j'écouterai vos réponses. Si aucune n'est apportée, je vous déclarerai vaincus."

    Troisième parla alors : "- Il est à présent évident qu'il est résolu à savoir ce qu'il en est, bien que ce récit ne nous soit pas agréable à raconter. Voici le début de cette histoire: Aka-Thor partit un jour avec son char et ses boucs, et cet ase nommé Loki.

     

    Gylfaginning, thor, loki

     

    Dans la soirée, ils arrivèrent chez un paysan, dont ils reçurent le logis, et un peu plus tard, Thor prit ses boucs et les abattit tous deux, après quoi ils furent écorchés et mis au chaudron. Lorsque le repas fut prêt, Thor et son compagnon s'assirent pour le souper. Thor invita le paysan et sa femme au repas, ainsi que leurs enfants : le fils du paysan s'appelait Thjalfi et sa fille Roskva. Après quoi Thor étala les peaux de ses boucs plus loin du feu et demanda au paysan et à ses gens de jeter les os dessus. Thjalfi, le fils du paysan, tenait un os de cuisse, et le fendit avec son couteau puis le brisa pour en extraire la moelle. 
    Thor passa la nuit là. Et juste avant l'aube, il se leva, se vêtit lui même, prit le marteau Mjöllnir, le brandit vers le ciel et sanctifia les peaux des boucs. Aussitôt, les boucs se relevèrent, et l'un d'entre eux était boiteux d'une patte arrière. Thor s'en aperçut, et déclara que le fermier ou sa maisonnée n'en avaient pas usé prudemment avec les os des boucs : il fit savoir que l'os de la cuisse était brisé. Il n'est nul besoin d'en faire une longue histoire à présent ; chacun peut se rendre compte du degré de frayeur du paysan lorsqu'il vit Thor froncer grandement les sourcils devant ses yeux. Mais lorsqu'il regarda les yeux eux-mêmes, il lui sembla que leur regard à lui seul pouvait le faire tomber. Thor serrait les mains autour du manche du marteau si fort que ses jointures blanchirent. Et le paysan et toute sa famille se comportèrent comme il fallait s'y attendre : ils hurlèrent, supplièrent pour la paix, offrirent tout ce qu'ils possédaient en récompense. Mais lorsque Thor vit leur terreur, la fureur le quitta, et il s'apaisa, et accepta leurs enfants en dédommagement, Thjalfi et Roskva, qui devinrent ainsi ses serviteurs, et le suivent toujours depuis. 

     

    Gylfaginning

      

    1 : le déjeuner : principal repas de la journée, ponctuée d'un frugal petit déjeuner au lever puis d'un déjeuner quelques heures plus tard. On en déduit que les champions passent quand même pas mal de temps à table.

    2 : dans les Vafthrudnismal

    3 : dans les Grimnismal

     

     Gylfaginning                                                                                                                                                             Gylfaginning


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  • Gylfaginning

     

    XLV- Sur ce, il laissa ses boucs derrière lui, et entreprit son voyage vers l'est et Jötunheim, rejoignant la mer. Il la traversa, la Très Profonde, et en arrivant à terre, il monta sur le rivage, accompagné de Loki, Thjalfi et Roskva. Bientôt, après avoir cheminé un petit moment, ils parvinrent à une grande forêt, à travers laquelle ils marchèrent tout le jour jusqu'à la tombée de la nuit. Thjalfi était le plus rapide des hommes à la course, et c'est lui qui portait le sac de Thor, qui contenait fort peu de provisions. Dès qu'il fit noir, ils se cherchèrent un abri pour la nuit, et découvrirent devant eux une halle, immense: une porte aussi large qu'elle s'ouvrait à son extrémité, et ils y prirent leurs quartiers pour la nuit. Mais vers la minuit survint un terrible tremblement de terre : le sol fut secoué sous eux, et la demeure vacilla. Alors Thor se leva et héla ses compagnons, et ils reprirent leur exploration, plus loin, puis trouvèrent une salle à droite, vers le milieu de la maison, et s'y rendirent. Thor s'assit devant la porte, mais les autres se tinrent en retrait, fort effrayés. Thor saisit cependant le manche de son marteau et se prépara à se défendre. Ils entendirent ensuite de grands sifflements et grognements. 

    Puis lorsque l'aube fut proche, Thor sortit et vit un homme allongé à peu de distance de lui dans la forêt. Et cet homme n'était pas petit. Il dormait et ronflait puissamment. Alors Thor comprit quel genre de bruit ils avaient entendu pendant la nuit. Il ceignit sa ceinture de force et sa divine robustesse s'accrut. Au même moment, l'homme s'éveilla et se leva avec agilité. Et ce fut, dit-on, la première fois que le cœur de Thor lui manqua, au moment de le frapper avec le marteau, et il lui demanda son nom. L'homme se présenta comme étant Skrymir. "Mais, ajouta-t-il, je n'ai pas besoin de te demander comment tu t'appelles. Je sais que tu es Asa-Thor. Mais quoi ? Est-ce toi qui a déplacé mon gant ?" Alors Skrymir tendit la main et saisit le gant. Et Thor vit alors que c'était ce qu'il avait prit pour une demeure pendant la nuit. Quant à la pièce annexe, il s'agissait du pouce du gant. Skrymir demanda à Thor s'il acceptait sa compagnie pour la route, et Thor accepta. Skrymir ouvrit alors son sac de vivres et prépara son repas du matin. Thor et ses compagnons firent de même un peu à l'écart. Skrymir leur proposa alors de mettre leurs provisions en commun, et Thor y consentit. Skrymir ramassa toute la nourriture dans un seul sac et le chargea sur son dos. Il marcha devant toute la journée, avançant à très grandes enjambées.

     

    Gylfaginning, skrymir

    Il marcha devant toute la journée... G.H.Wright

     

    Puis, tard dans la soirée, il leur trouva un gîte pour la nuit sous un grand chêne. Il dit alors à Thor qu'il voulait se coucher pour dormir, et "prenez le sac à provisions, préparez votre repas vous-mêmes."

    Là-dessus, Skrymir s'endormit et ronfla bruyamment. Thor prit le sac à provisions et entreprit de l'ouvrir. Mais il est de telles choses qui doivent être dites bien qu'elles semblent incroyables : il ne parvint pas à défaire les nœuds, et aucune des lanières de cuir dont il fit jouer l'extrémité ne se détendit. Lorsqu'il vit que ses efforts ne menaient à rien, il se mit en colère, agrippa le marteau Mjöllnir à deux mains et avança vers l'endroit où se tenait Skrymir, puis le frappa à la tête. Skrymir s'éveilla, demandant si une feuille lui était tombée sur le crâne. Puis s'ils avaient bien mangé et étaient prêts à se coucher ? Thor répliqua qu'ils étaient justement sur le point d'aller dormir. Ils se rendirent sous un autre chêne. Mais pour te dire la vérité, il n'y avait guère de moyen de sommeiller paisiblement. A minuit, Thor entendit que Skrymir ronflait et dormait avec tant d'ardeur que toute la forêt en résonnait. Alors il se leva, s'approcha de lui, brandit impatiemment le marteau avec violence et le frappa en plein sur le haut du crâne. Il sentit que la panne du marteau s'enfonçait profondément dans sa tête. A ce moment, Skrymir s'éveilla et s'enquit : "- Que se passe-t-il ? Un gland m'est-il tombé sur la tête ? Mais, qu'es-tu en train de faire, Thor ?" Thor recula précipitamment, et répondit qu'il venait de s'éveiller, mais que comme il n'était que minuit, il restait du temps pour dormir.

    Thor rumina que s'il avait une troisième occasion de lui asséner un coup, jamais le géant ne le verrait à nouveau. Il s'allongea et surveilla Skrymir pour savoir quand il serait à nouveau profondément assoupi. Peu avant le jour, il entendit que Skrymir devait être endormi, il se leva une nouvelle fois et se rua sur lui, brandissant le marteau de toutes ses forces, et le frappa sur une de ses tempes qui lui faisait face.  

     

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    Brandissant le marteau de toutes ses forces... 

     

    Mais Skrymir s'assit et se frotta la joue, et dit : "- Des oiseaux ont dû s'installer dans l'arbre au-dessus de moi. J'ai cru en m'éveillant que quelque déchet de brindille m'était tombé sur la tête. Tu es éveillé, Thor ? Il va être l'heure de nous lever et de nous habiller. Mais aujourd'hui, vous n'avez pas une longue route pour parvenir au château d'Utgard. J'ai entendu ce que vous avez murmuré entre vous, que je n'étais pas de petite taille. Mais si tu vas à Utgard, tu en verras de plus grands que moi. Je vais donc vous donner un bon conseil : ne vous conduisez pas là-bas avec arrogance, car les hommes d'Utgarda-Loki ne tolèrent qu'assez mal les rodomontades des demi-portions. Sinon, retournez-vous en, et je pense qu'il serait meilleur pour vous de le faire. Pour ma part, je poursuis mon chemin vers le nord en direction de ces collines, que vous pouvez apercevoir." Skrymir prit le sac à provisions, le jeta sur son dos, et s'éloigna d'eux à travers la forêt. Il n'est pas rapporté que les Ases lui aient dit "au revoir".

     

    XLVI- Thor reprit la route, avec ses compagnons, et ils marchèrent jusqu'à la mi-journée. Ils virent alors une forteresse élevée dans la plaine, et il leur fallut reverser la tête en arrière pour en discerner le sommet. Ils allèrent dans sa direction, et se retrouvèrent devant la grille de l'entrée, qui était close. Thor s'en approcha, mais ne parvint pas à l'ouvrir. Alors, en se faufilant à grand-peine entre les barreaux, ils parvinrent à entrer. Une fois dedans, ils virent une grande halle vers laquelle ils se dirigèrent. La porte était ouverte. Ils y pénétrèrent, et virent nombre d'hommes assis sur deux bancs, dont la plupart étaient assez grands. De cette manière, ils parvinrent devant le roi Utgarda-Loki et le saluèrent.

     

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    Mais celui-ci prit tout son temps pour s'aviser de leur présence, sourit d'un air dédaigneux qui découvrit ses dents, et dit : "- Il est bien tard pour s'enquérir des nouvelles d'un si long voyage. Car se peut-il que, comme je le crois, ce garçonnet soit Aka-Thor ? Tu dois être plus puissant que tu ne me sembles. De quelles prouesses toi et tes compagnons pensez-vous être capables ? Car nul n'a droit de séjour ici qui ne possède quelque talent ou capacité supérieure à celle de la plupart des autres hommes. 

    Alors parla celui qui était arrivé en dernier et qui se nommait Loki : "- Je possède un talent dont je suis prêt à faire la démonstration : personne ici n'est capable de manger aussi vite que moi."

    Utgarda-Loki répondit : "- Ce serait un exploit, si tu l'accomplis. Et cet exploit doit par conséquent être mis à l'épreuve." Il héla, à l'autre bout du banc, l'homme nommé Logi, et lui demanda de venir et d'éprouver sa puissance contre Loki. Une auge fut amenée sur le sol de la halle et emplie de viande. Loki s'assit à une extrémité, et Logi à l'autre, et chacun mangea aussi vite qu'il put, et ils se rencontrèrent au milieu de l'auge. Loki avait mangé toute la viande, mais pas les os, tandis que Logi, dans le même temps, avait dévoré la viande, les os avec, mais aussi l'auge. Il parut alors à tous que Loki avait échoué dans son défi. 

     

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    Loki et Logi.

     

    Puis Utgarda-Loki demanda ce que ce jeune homme, là-bas, savait faire. Et Thjalfi répondit qu'il pouvait faire la course contre quiconque serait désigné par Utgarda-Loki. Ce dernier dit que c'était là une bonne épreuve, et qu'il était certainement doté d'une grande rapidité s'il parvenait à gagner. A présent, il fallait vite vérifier la réalité de cet exploit. Utgarda-Loki se leva alors, et sortit. Il y avait de quoi faire une belle course dans la plaine. Il appela à lui un jeune homme, nommé Hugi, et lui ordonna de courir contre Thjalfi. 

    Se tint ensuite la première manche. Et Hugi arriva tellement en avance qu'il put retourner à la rencontre de Thjalfi à la fin de sa course. Utgarda-Loki reprit la parole : "- Tu dois te tenir plus vers l'avant, Thjalfi, si tu veux remporter le défi. Mais il n'en est pas moins vrai que peu d'hommes venus jusqu'ici ont eu la pointe de vitesse que tu possèdes." Ils entamèrent une autre manche. Et quand Hugi passa la ligne d'arrivée et se retourna, il avait encore une avance d'une portée d'arc long sur Thjalfi. Utgarda-Loki dit : "- Thjalfi m'a semblé avoir bien couru, sur cette course, mais je ne crois pas qu'il pourra maintenant remporter le jeu. Nous en aurons confirmation tout de suite, au cours de la troisième manche." Ils prirent le départ, mais lorsque Hugi eut terminé et se retourna, Thjalfi n'en était pas encore à mi-course. Et tous dirent que le jeu avait été concluant. 

     

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    La course de Thjalfi.

     

    "Au suivant !", dit Utgarda-Loki à Thor en lui demandant quelle prouesse il souhaitait réaliser devant eux, car on racontait de si grandes légendes au sujet de ses exploits. Thor répondit qu'il se mesurerait volontiers à n'importe qui pour la boisson. Utgarda-Loki acquiesça. Il entra dans la halle et appela son échanson, lui demanda d'apporter la longue corne dans laquelle ses hommes avaient la coutume de boire. Immédiatement, le serviteur alla la quérir, et la plaça dans les mains de Thor. Utgarda-Loki précisa alors : "- On dit de cette corne qu'elle est bien vidée lorsque c'est d'un trait, quoique certains s'y reprennent à deux fois. Mais nul n'est si piètre buveur qu'il y échoue en trois." Thor regarda la corne, qui ne lui sembla pas si grande, quoiqu'elle fût fort longue. De plus, il était assoiffé. Il la prit et but, en avala d'énormes gorgées, puis jugea inutile de se pencher plus avant dans la corne, et, lorsque, hors d'haleine, il releva la tête de la corne et regarda dedans pour savoir quelle quantité de boisson il avait absorbée, il lui sembla que le niveau n'avait baissé que de manière dérisoire. 

    "- C'est bien bu, dit Utgarda-Loki, mais pas trop. Je ne l'aurais pas cru, si on me l'avait dit, qu'Asa-Thor ne pouvait pas boire plus de breuvage que ça. Mais je sais que tu voudras faire une autre tentative pour la vider. 

     

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     Encadrement : Bouloute créations

     

    Gylfaginning                                                                                                                                                                             Gylfaginning


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