• Sagas islandaises. Régis Boyer.

     

     

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  • Sagas islandaises. Régis Boyer.

     

    Critique cinéma : Outlander 

    Le dernier Viking

     

    Critique cinéma : Outlander

     

     Le synopsis

    Sous le règne des Vikings, un homme venu de l'espace - Kainan - s'écrase sur la Terre, apportant avec lui une créature terrifiante, un prédateur extraterrestre connu sous le nom de Moorwen. Alors que la bête plonge les environs dans le chaos, les vikings, d'abord suspicieux envers ce mystérieux étranger, s'associent bientôt à Kainan pour en venir à bout. Lui seul pourra les mener à la victoire...

     


    Yeap. Déjà, l'action se situant en 709 et l'âge viking ne commençant officiellement qu'en 793 (pillage de l'abbaye de Lindisfarne en Northumbria), le titre en français est complètement idiot. En plus, tout le monde sait bien que le dernier viking fut Harald Hardradi Sigurdarson III de Norvège (né en 1015, roi de 1045 à 1066). Admettons que ce soit vendeur.

     

    Le scénario

    Si on a lu le synopsis, on ne peut guère s'attendre à une surprise sur le plan scénaristique.

    Le scénario, donc, est forcément prévisible dès les premières dix minutes de film, et ne bénéficie pas de l'effet de surprise qui m'avait frappée lorsque j'ai vu Predator. Voilà, il va falloir y aller pour les références, car ce film en est bourré. Le manque d'originalité du script vient d'abord et avant tout du fait qu'il remixe plutôt plaisamment deux grands mythes nordiques : la légende de Beowulf (nom du lieu et du roi, la première attaque puis la deuxième, la recherche du monstre dans sa grotte, l'amputation du bras de l'alien qui conduit à sa mort...) et le mythe de Sigurd Fafnisbani (la chasse au dragon, le piège, l'épée reforgée...). A cette base déjà archi-connue s'ajoute bien sûr une grosse touche d'"Alien" auquel on est forcé de penser : le monstre est très très fort, très très baveux, il ne meurt pas comme ça, et puis il fait des petits (mais je m'étais endormie pendant Alien au cinéma, et je n'ai jamais su comment ça finissait...), et une pincée de "13ème Guerrier". On y retrouve aussi des idées déjà vues dans d'autres films comme l'apprentissage en 5 minutes de la langue et de toutes les compétences nécessaires, maniement d'arme, équitation... pour survivre dans la Scandinavie médiévale (Leelou dans le "5ème élément", par exemple). Mais, dans l'ensemble, ça se tient et c'est raccord avec le contexte et l'objet du film. Ce qui ne va pas, ce sont quelques points de détail du genre "le héros va chercher du métal de qualité supérieure dans son vaisseau, mais ne pense pas à y récupérer des armes de guerre hyperpuissantes". Ben non, il préfère le découdre à la main, le monstre, plutôt que de révéler qui il est à ses hôtes, et puis y a pas à tortiller, l'épée à deux mains, c'est quand même plus sexy que la mitrailleuse lourde (mais ce n'est que mon avis).

    Pour le reste, la réconciliation entre les deux villages ennemis parce que l'"Union fait la force" et la romance sont d'une banalité absolue. L'héroïne, archétype de la femme forte et libre scandinave (shield-maiden qui sait se battre) est plus que froide, alors qu'elle s'appelle Freyja. Il faudrait vraiment que les scénaristes arrêtent de nommer leurs héroïnes vikings comme ça, (déjà celle dans "Le sang des Vikings"), ça me râpe le système nerveux. Dans les vraies sagas, les filles ne s'appellent jamais Freyja, c'est un nom déposé. De même, l'incrustation de l'histoire de l'enfant, Eirik, n'amène même pas de pathos au déroulement des événements.

    Enfin, tout à fait dans l'air du temps, les remords politiquement corrects du héros quant à sa culpabilité vis à vis du monstre qu'il combat expliquent son regard grave et ses mâchoires coincées tout le long du film, sauf à un moment (je vous laisse deviner...). Cela dit, cette culpabilité n'est en rien injustifiée. Le film ne digresse de la sorte, je pense, que pour donner un peu de profondeur à l'étranger, mais n'a pas l'ambition de développer ce volet philosophico-politique (colonialisme vs terrorisme, pour faire très court), vu que l'intelligence de l'alien est animale.

    Car c'est un film d'action, pas un essai sur la morale.

     

    Les dialogues et le jeu des acteurs

    Les textes sont convenus, du début à la fin, chacun aurait pu les écrire soi-même. Peut-être en mieux.

    Quant au jeu des acteurs, vu les textes qu'on leur a demandé de dire, il n'est pas tout à fait transcendant, sans être vraiment mauvais, à part pour Wulfrich (Jack Huston) qui s'en sort plutôt pas mal dans le rôle du guerrier bourrin, impulsif et ambitieux. 

    D'un autre côté, c'est un film d'action, pas un psychodrame.

     

    Les décors, les effets spéciaux et le contexte

    Les décors sont plutôt bien reconstitués, avec un certain souci du détail, et les paysages sont magnifiques. Les costumes sont vraisemblables, pas de casques à cornes (Ouh ! Pathfinder II), des armures convenables, des cheveux longs, des barbes et des tresses, et des épées, surtout à la fin, très heroic fantasy. La halle est bien faite, et ce qui s'y passe n'est pas choquant, historiquement parlant, quoique la scène des boucliers soit assez inédite, en ce sens que les vikings pratiquaient ce genre de jeu d'adresse plutôt sur les rames de leurs navires...

    Par contre, les spots en bleu et rouge de l'alien dans l'obscurité sont assez risibles, bien que la bête en lumière naturelle soit, disons-le, assez fascinante et effrayante dans le genre dragon hématophage atteint d'hypersialorrhée. Parce que, mais c'est aussi une tendance actuelle, l'hémoglobine et autres fluides vitaux giclent dans tous les sens, avec toutes ces armes tranchantes, les dents, les épées, les haches, et on se rend bien compte qu'il s'agit de retouches informatique des images. 

    Mais bon, c'est quand même un film d'action, pas un documentaire.

     

    La réalisation et la photographie

    La photographie est magnifique, les paysages aussi, les cadrages et la prise de vues sont bien pensés, le montage est nerveux, quelquefois épileptique, mais ça aussi c'est dans l'air du temps (Ah, le bon vieux temps des longs plans séquences...), le rythme est soutenu, l'ensemble est bien musclé.

    C'est un bon film d'action.

     

    En résumé, au cas où vous auriez sauté directement à la fin de ce texte, ce film qui transpire la testostérone, montre des combats bourrins et ne contient qu'une ou deux scènes aptes à faire éventuellement sourire quelqu'un d'humeur déjà hilare est un film d'ACTION. 

    Et bien que je vienne en quelque sorte de lui tailler un short, j'ai bien aimé le cumul des défauts de l'ensemble : au final, c'est plutôt bien fichu, ça n'est pas fatigant pour les neurones, et ça se regarde avec plaisir, pour peu qu'on aime ce genre. Je suis bon public... Oui, j'ai passé un bon moment, et je ne peux pas en dire autant de tous les films de vikings ou d'ET que j'ai vus. Même que si j'ai un peu de courage, je vous en parlerais un jour, des autres...

     

    Quelques images du film

     

    Critique cinéma : Outlander

     

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    Critique cinéma : Outlander

     

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  • Sagas islandaises. Régis Boyer.

    Kauna. Wardruna.

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    Jol : fêtes du solstice d'hiver

    Les fêtes du solstice d'hiver

     

    Jol, en ancien norrois, aujourd'hui nommée Jól (islandais), Jul (danois, norvégien et suédois), Joulu (finnois et estonien) ou Yule (anglais), était une ancienne fête païenne célébrée selon les sources soit lors du solstice d'hiver, soit à la mi-janvier, et était à l'époque nommée Jólablót.

    Le blót, qui signifie sacrifier ou vénérer, est un sacrifice, rituel classique dans les religions germano-scandinaves. Au début, il s'agissait peut-être de sacrifices humains (comme celui de Domald dans l'Ynglinga saga, sacrifié après de vaines offrandes de bétail), puis plus attestés, d'animaux, notamment chevaux : "blóta guð hesti", porc ou mouton. Le sacrifice est pratiqué par le chef de famille dans le cadre privé, ou par le roi ou les chefs lors des grandes cérémonies, bien que dans la saga de Hervör et du roi Heidrek, Alfhidr, la fille du roi Alfr d'Alfheim soit décrite en train de rougir un autel de sang lorsqu'elle est enlevée par Starkad. La cérémonie avait lieu dans ce qui peut être assimilé à un temple ou blót-hús, dont le plus connu est le grand temple d'Uppsala.

    Lors du solstice d'hiver, il s'agissait d'un rituel plus précisément adressé aux Dises (disablót), ces entités féminines présidant aux destinées humaines, probablement issues des figures de la ou des déesses-mères pré-historiques dans les mythes indo-européens, et ayant récupéré au fil des âges les attributs d'autres divinités locales de la fécondité / fertilité. Protectrices des femmes en couches et des nouveaux-nés, et par extension de tout ce qui porte fruit, les dises ont été plus tardivement assimilées aux déesses (Vanadis, dise des Vanes = Freya, et Öndurdis, dise aux raquettes = Skadi) et aux valkyries, détentrices terminales de la protection et du destin des guerriers. Freya, déesse de la fertilité, était d'ailleurs la première des valkyries.
    Ultérieurement, la fête est devenue une cérémonie au dieu Freyr, divinité de la fertilité, dont les animaux symboliques étaient le cheval et le porc.
    Dans les deux cas, la formule consacrée était "til árs ok friðar" : "pour une bonne année et la paix".

    Toute la population prenait part à cette cérémonie, et elle a été décrite par Snorri Sturluson dans la saga d'Haakon den Gode.

    "C'était une ancienne coutume, que tous les boendr se rassemblent à l'endroit du temple où allait se tenir le sacrifice, et qu'ils y amènent tout ce dont ils auraient besoin pour le temps des festivités. Les hommes amenaient de la bière pour ces fêtes. Et toutes sortes d'animaux d'élevage, ainsi que des chevaux, étaient abattus, et tout le sang qui en provenait était nommé "Hlaut", et les récipients dans lesquels il était recueilli s'appelaient "hlautbollar". On préparait des "hlautheinar", des sortes de brosses pour asperger, avec lesquels la totalité des autels et les murs du temple, à l'intérieur et à l'extérieur, étaient éclaboussés de ce sang."

    Les hommes qui s'en chargeaient étaient nommés "goði", lesquels n'étaient pas des prêtres à proprement parler, mais des personnes investies de responsabilités légales et religieuses, loi et religion étant pour les scandinaves deux versants d'une même conception du monde.

     

    Jol

    Un goði, tenant un hlautboll dans la main gauche et un hlauthein (une branche feuillue, à tremper dans le sang de l'animal sacrifié) dans la main droite.

     

    Jol

     Le goði asperge les participants de sang...

     

    Jol

    ... et le bâtiment.

    Images tirées du film "Beowulf et Grendel, la légende viking", de Sturla Gunnarsson.

     

    Jol

     Disablót. August Malmström.

    Noter l'aspersion du public par le goði, sur la gauche.

     

    Ensuite, la viande des animaux sacrifiés était cuite, et se tenait un banquet rituel collectif, le blótveizla, abondamment arrosé d'"Alu", ou "öl" (bière ou hydromel), dans des coupes sur lesquelles étaient faits des signes en quelque sorte magiques, notamment le signe de Mjöllnir, le marteau de Thor, après passage à travers le feu.

    Snorri poursuit :

    "Mais la chair était cuite et cette viande savoureuse était partagée entre les présents. Le feu était allumé sur le sol au milieu du temple et les chaudrons pendaient au-dessus, et les gobelets pleins furent passés à travers le feu. Et celui qui avait préparé la fête, et était un chef, bénissait les gobelets pleins et toute la viande du sacrifice.

    En premier était vidé le gobelet d'Odin, pour la victoire et le pouvoir du roi. Ensuite, les coupes de Njord et Freya, pour la paix et de bonnes récoltes. Puis il était coutume pour beaucoup de vider la coupe de Bragi. Ensuite, les invités vidaient leurs gobelets à la mémoire de leurs amis défunts, et ils étaient nommés les coupes du souvenir."

     Le gobelet de Bragi était celui sur lequel étaient passés les vœux et les serments

     

    Jol

    Scène de boisson collective. Pierre historiée.

     

    De Jol à Noël

     

    La fixation du jour de Noël au 25 décembre par le pape Libère en 354 ne doit rien au hasard. D'une part, la Bible ne donne aucune indication précise quant à la date de naissance du Christ (ni le jour, ni même l'année, à quelques années près) et cette date avait été fixée auparavant arbitrairement en même temps que celle de l'épiphanie le 6 janvier. Noël est d'ailleurs toujours fêté ce jour-là dans la tradition chrétienne orthodoxe. Les 10 jours d'avance du calendrier julien, celui de Jules César, dus à l'erreur de 11 minutes par an de ce calendrier, mis au point par Sosigène, ont été récupérés dans le calendrier grégorien (du pape Grégoire XIII) en 1582 : cette année-là, le lendemain du jeudi 4 octobre fut le vendredi 15 octobre.

    D'autre part, le solstice d'hiver tombait à l'époque le 25 décembre toujours d'après les calculs de Sosigène, et avait été ou était l'occasion de fêtes païennes traditionnelles dans nombre de religions, entre autres :

    - La nouvelle année en Egypte antique,

    - Les saturnales romaines qui s'achevaient par le Natalis dies, la renaissance de Sol invictus, le soleil invaincu, 25 décembre, jour dont Noël tire son nom par glissement phonétique (natalis, naël, noël), les romains ayant été les premiers à convertir au christianisme,

    - Hanoucca dans la religion juive,

    - елка (fête du sapin) chez les slaves, 

    - et Jol chez les nordiques.

    Il était donc très intéressant, sur le plan du prosélytisme chrétien, de caser la naissance du Christ à ce moment-là. L'utilisation de cette date à la symbolique très ancrée dans la mémoire collective, puisqu'il s'agissait notamment chez les germano-scandinaves de la principale célébration de l'année, ne pouvait qu'aider à l'assimilation de la nouvelle religion. Comme le calendrier julien était un peu faux, le solstice d'hiver astronomique survient en réalité généralement entre le 20 et le 23 décembre du calendrier grégorien. Mais Noël n'a pas été déplacé par la suite.

    Les survivances des anciennes traditions sont nombreuses à Noël : fêtes de la lumière et du feu (bougies, combustion d'une bûche particulière ce jour-là en Scandinavie), du végétal (mon beau sapin), banquets... qui n'ont vraiment aucun rapport avec la Nativité.

     

    Et quelles que soient votre foi, votre religion, votre absence de religion,

    BONNES FETES DU SOLSTICE D'HIVER

     Til árs ok friðar

     

    Jol

     

    viking                                                                                                                                                                                                      viking


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  •  Sagas islandaises. Régis Boyer.

     

    Le drakkar et la croix

    (Arte)

     

    Partie 1

    Partie 2

    Partie 3

    Partie 4

     

    Quelques-unes des raisons du passage du paganisme au christianisme chez les anciens scandinaves.

    Pour un complément d'information au sujet d'Olaf Tryggvason, voir ici : Saga d'Olaf Tryggvason

     

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