• Chapitre 5 : du meurtre du roi Volsung

    volsunga saga

     Time between dog and wolf  (Tiurida), Falkenbach. 

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    Maintenant, narrons ce qu'il advint au roi Volsung et à ses fils lorsqu'ils se rendirent au jour dit à l'invitation du roi Siggeir, et quittèrent leur pays à bord de trois navires, tous bien gréés. Ils firent bon voyage et touchèrent terre au Gautland avec la marée du soir.

    Mais la même nuit, Signy vint à eux et éveilla son père et ses frères pour un entretien privé, et leur raconta ce qu'elle pensait que le roi Siggeir projetait de faire, et comment il avait réuni une armée si nombreuse que nul n'en avait jamais vu de telle.

    "- Et, dit-elle, il a dans l'idée de la retourner par fourberie contre vous, c'est pourquoi je vous prie instamment de retourner dans votre propre pays, et de rassembler le plus de forces que vous pourrez, afin de revenir plus tard et de vous venger. Vous courrez à votre perte, et vous ne réussirez pas à échapper à ses ruses si vous ne vous retournez pas contre lui ainsi que je vous le conseille. "

    Alors parla le roi Volsung : "- Tous les peuples et toutes les nations devraient te répondre de la même façon que moi. Avant même d'être né, je prêtai serment de ne jamais fuir ni devant le feu, ni devant l'épée. C'est ainsi que je me suis comporté jusqu'à présent. Dois-je changer d'attitude maintenant que je suis vieux ? Il n'arrivera jamais que les jeunes filles puissent railler mes fils au cours des jeux, et leur crier qu'ils craignent la mort. Tout homme doit mourir, seul, un jour, et nul ne doit essayer d'échapper à cet instant. Ma décision est donc que nous ne fuirons pas à présent, mais que nous œuvrerons de nos mains aussi bravement que nous le pourrons. J'ai pris part à une centaine de batailles, parfois j'avais le dessus, parfois le dessous, mais je n'ai jamais entendu dire de moi que j'avais fui le combat ou prié pour obtenir la paix."

    Alors Signy se mit brutalement à pleurer, et supplia de n'avoir pas à retourner auprès du roi Siggeir, mais le roi Volsung répondit : "- Tu dois sans aucun doute rejoindre ton mari, et rester à ses côtés, quels que soient ses démêlés avec nous."

    Signy regagna sa demeure, et ils restèrent là pour la nuit, mais au matin, dès le petit jour, Volsung ordonna à ses hommes de se lever, d'aller à terre et de se tenir prêts pour la bataille. Alors ils débarquèrent, tous armés de pied en cap, et n'eurent guère à attendre avant que Siggeir ne lance l'assaut contre eux avec son armée. Le plus féroce des combats se déroula entre eux ; et Siggeir ordonna à ses hommes d'attaquer à outrance. La légende raconte que Volsung et ses fils vinrent en ce jour huit fois au contact de l'armée de Siggeir, frappant et tailladant de chaque main, mais lorsqu'ils voulurent revenir encore une fois, le roi Volsung tomba parmi les siens et tous ses hommes avec lui, pour sauver ses dix fils, tant était puissantes les forces qu'ils avaient à affronter.

    Mais ses fils avaient été fait prisonniers, mis aux fers et emmenés au loin.

    Signy avait appris la mort de son père, et que ses frères avaient été pris et condamnés à mort, alors elle demanda à parler en privé au roi Siggeir et dit :

    "- Je vous prie de ne pas exécuter mes frères aussi hâtivement, mais de les garder dans le bûcher, car me vient de chez moi un proverbe qui dit "il est doux de regarder pendant que l'on regarde" : mais je ne demande pas pour eux une vie plus longue, parce que je sais bien que ma prière ne serait pas prise en considération."

    Siggeir répondit ainsi :

    "- Tu es certainement stupide et folle, de demander que tes frères souffrent de plus de malheur que leur simple exécution. Mais je te le promets, je ferai de mon mieux pour leur infliger le pire qu'ils pourront supporter, et pour que leur douleur s'éternise avant que la mort ne vienne à eux."

    Et il fit ce dont elle l'avait prié, et ses dix frères furent entravés par un puissant faisceau de liens à une pile de bois dans un endroit sauvage de la forêt, où ils restèrent assis toute la journée jusqu'à la nuit. A minuit, alors qu'ils étaient parmi les rondins, vint à eux une louve, surgie des bois. Elle était vieille, de grande taille, et d'apparence maléfique. La première chose qu'elle fit fut de mordre un des frères jusqu'à ce qu'il en meure, puis elle le dévora, et passa son chemin.

    Mais le lendemain matin, Signy envoya un homme vers sa fratrie, l'homme en lequel elle avait le plus confiance, pour savoir qu'elles étaient les nouvelles. Et lorsqu'il revint lui dire que l'un de ses frères était mort, elle jugea que c'était grave et qu'il serait très cruel qu'ils dussent tous connaître le même destin, sans qu'elle ne pût rien faire pour les aider.

     

    sigmund et la louve

     

    La suite de l'histoire se raconte rapidement : durant neuf nuits, la louve vint à minuit, tua et dévora à chaque fois l'un des frères, jusqu'à ce qu'ils fussent tous morts, sauf Sigmund qui resta seul. Alors, avant que la dixième nuit ne tombe, Signy dépêcha son homme de confiance à Sigmund, son frère, et lui mit un pot de miel dans la main, lui ordonnant d'en enduire le visage de Sigmund, et d'en placer un peu dans sa bouche. Il alla vers Sigmund, et fit ainsi qu'elle l'avait commandé, et revint à la maison. Cette nuit-là, lorsque selon son habitude revint la louve, afin de le tuer et de le manger tout comme ses frères, elle renifla l'odeur de son souffle autour de lui, qui avait été oint de miel, et lécha abondamment son visage avec la langue, et enfourna sa langue dans la bouche de Sigmund. Il n'éprouvait aucune peur alors, mais serra la langue entre ses dents de toutes ses forces, si bien qu'elle essaya de reculer, et se projeta en arrière si violemment, en prenant appui de ses pattes contre la pile de bois, que les fixations s'arrachèrent et que tout se dissocia. Mais il avait réagi si vite que la langue resta coincée dans les racines, et la louve connut sa fin.

    Certains disent que cette même louve était la mère du roi Siggeir, qui s'était elle-même donné cette apparence par magie de troll et sorcellerie.

     

    Sigmund et la louve

     

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 5 Juillet 2012 à 14:48

    Bonjour Thordruna,

    Je marque une pause pour laisser un commentaire.

    Ce blog me plaît bien (interface, menu et contenu). Je ne connaissais pas Falkenbach et j'aime bien : je l'ai déjà écrit, mes goûts vont de la Messe de Tournai à Trent Reznor en passant par Luis Mariano - il y en a tout de même que je laisse de côté : - )

    Est-ce que je pourrais inscrire Songerune dans mes liens ? Cela achèverait de les achever, je parle de mes visiteurs.

    A bientôt.

    2
    Jeudi 5 Juillet 2012 à 17:11

    Merci pour l'appréciation, et bien sûr, vous pouvez tout à fait lier Songerune quelque part sur votre blog (je n'ai pas demandé la permission, mais le vôtre est déjà en lien dans mon module "culture générale"). Je tiens à préciser que mon blog n'est pas une arme de destruction massive, normalement (!?).

    Il y a ici surtout du métal en illustration sonore, parce que je suis une métalleuse chevelue, mais je suis très éclectique en musique, du grégorien au doom. Je ne crois pas que Boccherini ou Liszt seraient des plus assortis à l'ambiance des textes. Une description de bataille navale avec massacre sur fond de nocturne de Chopin...

    Je suis passée chez vous, mais pour le moment en un raid rapide, et j'y retournerai pour une exploration plus approfondie dès que possible.

    A bientôt donc.

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