• Chapitre 25 : du rêve de Gudrun, fille de Gjuki.

    volsunga saga

    Il y avait un grand roi, Gjuki, qui régnait sur un royaume dans le sud du Rhin. Il avait trois fils, nommés ainsi : Gunnar, Hogni et Gottorm, et Gudrun était le nom de sa fille, la plus droite des vierges. Et tous ces enfants étaient meilleurs que tous les autres enfants de rois dans tous les domaines, par leur beauté et leur éducation. Ses fils passaient leur temps à la guerre et se couvraient de gloire. Et Gjuki avait épousé Grimhild la Sage Epouse.

    Budli était le nom d'un roi plus puissant que Gjuki, bien qu'ils le fussent tous deux. Et Atli était le frère de Brunehilde. Atli était un homme féroce, et sévère, grand, et sombre à regarder, bien que d'allure noble, et le plus grand des guerriers. Grimhild était une femme au cœur violent.

    Les jours des Gjukings étaient florissants, et principalement grâce à ces enfants, si supérieurs aux enfants des hommes.

    Un jour, Gudrun déclara à ses suivantes qu'elle n'aurait plus de joie dans le cœur. Alors l'une d'elle lui demanda pourquoi toute gaité l'avait quittée.

     

    Gudrun et ses suivantes

     

    Elle répondit : "- Le chagrin me vint pendant mes rêves, et il y a maintenant de la tristesse en mon cœur, puisque tu as besoin de le demander."

    "- Raconte-moi, alors, ton rêve, dit la femme, car les rêves prédisent souvent le temps qu'il fera."

    Gudrun répondit : "- Non, non, il ne s'agit pas de temps. J'ai rêvé que j'avais un beau faucon sur mon poignet, couvert de plumes d'or."

     

    Le rêve de Gudrun. F. Piloty.

    Le rêve de Gudrun. F. Piloty.

     

    La femme dit : "- Nombreux sont ceux qui ont entendu parler de ta beauté, ta sagesse, et ta courtoisie, et quelque fils de roi te demandera, alors."

    Gudrun répondit : "- J'ai rêvé que rien ne m'était plus cher que ce faucon, et que j'aurais préféré perdre toute ma richesse plutôt que lui."

    La femme dit : "- Bien, c'est que cet homme que tu auras devra être parmi les meilleurs, et que tu l'aimeras beaucoup."

    Gudrun répondit : "- Ce qui me chagrine, c'est d'ignorer qui il peut être. Allons voir Brunehilde, elle en saura sans doute plus."

     

    Gudrun rêve.  H. Schwemminger.

    Gudrun rêve.  H. Schwemminger.

     

    Alors elles s'apprêtèrent avec leurs bijoux d'or et de beaux atours, et elle alla accompagnée de ses demoiselles jusqu'à la halle de Brunehilde, et cette halle était ornée d'or et se dressait sur une colline. Et lorsque leur arrivée fut signalée, il fut dit à Brunehilde qu'un groupe de femmes venait vers le bourg en char doré.

    "- Ce doit être Gudrun, fille de Gjuki, dit-elle. J'ai rêvé d'elle la nuit dernière. Allons à sa rencontre ! Nulle femme plus digne ne pourrait nous rendre visite."

    Alors elles allèrent à leur rencontre, et leur souhaitèrent la bienvenue, et elles entrèrent ensemble dans la vaste halle. Elle était magnifiquement peinte, et bien décorée de vaisselle d'argent. Des étoffes étaient étalées sous leurs pieds, et nombreux étaient les serviteurs, et elles se divertirent de bien des façons.

    Mais Gudrun gardait le silence.

    Alors Brunehilde dit : "- Triste à mettre mal à l'aise des gens joyeux ! Je t'en prie, ne sois pas ainsi. Parlons ensemble de nos grands rois et de leurs hauts-faits."

    "- Bon sujet de discussion, dit Gudrun, discutons de cela. Quel roi te semble le premier de tous les hommes ?"

    Brunehilde répondit : "- Les fils de Hali, et Hagbard également. Ils sont réputés pour plus d'un exploit durant la guerre."

    Gudrun dit : "- Grands hommes, certes, et glorieux ! Même si Sigar a pris l'une de leur sœur et brûlé l'autre, leur maison, et tout le reste. Et on peut dire d'eux qu'ils furent lents à se venger. Pourquoi n'as-tu pas nommé mes frères, qui sont tenus pour les meilleurs des hommes en ce moment ?".

    Brunehilde dit : "- Ce sont certainement des hommes de grande espérance, mais ayant peu fait leurs preuves jusqu'à présent. Mais j'en connais un qui les surpasse de loin, Sigurd, fils de Sigmund. Il était un jeune garçon lorsqu'il tua les fils de Hunding et vengea son père et Eylimi, le père de sa mère."

    Gudrun dit : "- Quelle preuve as-tu de ce que tu affirmes ?"

    Brunehilde répondit : "- Sa mère alla parmi les morts et trouva Sigmund le roi gravement blessé, et voulut panser ses blessures. Mais il répondit qu'il devenait trop âgé pour la guerre, et lui demanda de garder ses consolations pour son cœur, parce qu'elle allait porter le plus glorieux des fils. Et sages étaient les paroles de cet homme avisé : car après la mort du roi Sigmund, elle rejoignit le roi Alf et Sigurd fut élevé chez lui en grand honneur, et s'acquit jour après jour une grande réputation, et est maintenant l'homme le plus fameux du monde."

    Gudrun dit : "- Tu as obtenu cette connaissance de lui par amour. Mais c'est la raison pour laquelle je suis venue ici, pour te raconter les rêves qui m'ont conduite à être aussi malheureuse."

    Brunehilde dit : "- Ne laisse pas de telles choses te rendre triste. Reste parmi tes amis qui veulent te voir heureuse, tous."

    "- J'ai rêvé ceci, dit Gudrun, que nous venions, nombreuses en compagnie, du boudoir, et que nous vîmes un immense cerf, qui surpassait tous les autres cerfs qu'on eut jamais vus, et que son pelage était d'or. Et nous étions toutes désireuses de l'attraper, ce cerf, mais je fus seule à l'avoir. Et il me sembla meilleur que toute autre chose. Mais toi-même, Brunehilde, tira et tua mon cerf à mes genoux, et j'en ressentis un tel chagrin qu'à peine pus-je le supporter. Et après, tu me donnas un louveteau, qui m'éclaboussa avec le sang de mes frères."

    Brunehilde répondit : "- Je vais interpréter ton rêve, même si les événements se dérouleront quand même de cette façon. Car Sigurd viendra à toi, même si je l'ai choisi pour être mon bien-aimé. Et Grimhild lui donnera de l'hydromel mêlé de poison, qui nous jettera tous dans de terribles querelles. Tu auras cet homme, et tu le regretteras bien vite. Puis tu épouseras le roi Atli, et tu perdras tes frères, et tueras Atli à la fin."

    Gudrun répondit : "- Quelle peine et quel fardeau de savoir que de telles événements se produiront."

    Puis elle et ses suivantes s'en retournèrent chez le roi Gjuki.

     

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