• songerune 

    Le fauve d'Oseberg

     

    Besoin d'R à l'acrylique pour un Runatal à la plume :

    Rúnar munt þú finna 
    ok ráðna stafi, 
    mjök stóra stafi, 
    mjök stinna stafi...

    (Havamal 142 et suivants)

     

       songerune                                                                                                                                                         songerune


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  • Heimskringla, snorri sturluson, magnus l'aveugle, harald gille

    13- Du roi Harald Gille et de l'évêque Magnus.

     

    Le roi Harald Gille était un homme très généreux. On raconte qu'à cette époque, Magnus Einarson vint d'Islande pour être consacré évêque, et que le roi le reçut fort bien, lui montrant un grand respect. Lorsque l'évêque fut prêt à reprendre la mer vers l'Islande, et que le navire fut gréé pour la mer, il se rendit à la halle où buvait le roi, le salua poliment et chaleureusement, et le roi l'accueillit avec joie. La reine était assise auprès du roi.

    Alors le roi dit : "- Etes-vous prêt, évêque, pour votre voyage ?"

    Il répondit qu'il l'était.

    Le roi dit : "- Vous êtes venu à nous juste au mauvais moment. Car on vient d'enlever les tables, et je n'ai rien de convenable à vous offrir à portée de main. Que peut-on donner à l'évêque ?"

    Le trésorier répondit : "- Sire, autant que je sache, tous les objets de quelque valeur ont déjà été donnés."

    Le roi dit : "- Il reste ici un gobelet à boire. Prenez ceci, évêque, ce n'est pas sans valeur."

    L'évêque exprima sa gratitude pour l'honneur qui lui était fait.

    Alors la reine dit : "- Adieu, évêque, et bon voyage."

    Le roi lui dit : "- Quand avez-vous jamais ouï qu'une noble dame parlât ainsi à un évêque sans lui offrir quelque chose ?"

    Elle répondit : "- Sire, qu'ai-je à lui donner ?"

    Le roi : "- Vous avez le coussin sur lequel vous êtes assise."

    Sur ce, le coussin, qui était recouvert de tissus coûteux et était un objet de valeur, fut donné à l'évêque. Puis lorsque l'évêque prit congé, le roi prit le coussin sur lequel il était lui-même assis et le lui donna, disant : "- Ils sont restés ensemble tellement longtemps !"

    Lorsque l'évêque arriva en Islande à son siège épiscopal, on lui demanda ce qui devait être fait du gobelet pour que ce soit gratifiant pour le roi. Et lorsque l'évêque demanda leur opinion aux personnes présentes, beaucoup pensèrent qu'il devait être vendu et l'argent distribué aux pauvres. Alors l'évêque dit : "- Je vais suivre une autre idée : j'en ferai un calice pour cette église, et le consacrerai, de façon à ce que tous les saints dont il y a des reliques dans cette église puissent rendre au roi quelque chose de bon à chaque fois qu'une messe sera célébrée avec ce cadeau dans cette église". Ce calice appartint depuis lors à l'évêché de Skalholt. Et des étoffes de prix dont étaient couverts les coussins donnés par le roi furent faits les vêtements des choristes, vêtements qui se trouvent aujourd'hui encore à Skalholt. On peut voir ainsi quel esprit généreux avait le roi Harald, de même que de bien d'autres objets, mais dont fort peu se trouvent ici.

     

    14- Les débuts de Sigurd Slembidjakn

     

    Il y avait un homme, nommé Sigurd, qui avait été élevé en Norvège et était appelé fils du prêtre Adalbrikt. La mère de Sigurd était Thora, une fille de Saxe de Vik, une sœur de Sigrid, qui était la mère d'Olaf Magnuson, et de Kare, le frère du roi qui épousa Borghild, une fille de Dag Eilifson. Leurs fils furent Sigurd d'Austrat et Dag. Les fils de Sigurd d'Austrat furent Jon d'Austrat, Thorstein et Andres le Sourd. Jon fut marié à Sigrid, une sœur du roi Inge et du duc Skuli. Ce Sigurd, dans son enfance, fut tenu aux livres, devint clerc et fut ordonné diacre. Mais tandis qu'il mûrissait en âge et en force, il devint un homme très habile, robuste et puissant, remarquable dans toutes les qualités et exercices au-delà de son âge, et sans doute plus que tout autre homme en Norvège. Sigurd fit preuve très tôt d'un esprit hautain et ingouvernable et fut pour cette raison surnommé Slembidjakn, le Prêtre Tapageur. Il était aussi beau qu'un homme puisse l'être, avec de magnifiques cheveux, quoique fins. Lorsqu'il parvint aux oreilles de Sigurd que sa mère disait que le roi Magnus était son père, il laissa de côté son séminaire, et dès qu'il fut assez âgé pour être son propre maître, il quitta le pays. Il resta longtemps en voyage, se rendit en Palestine, au bord de la rivière Jourdain, et visita nombre de lieux saints, comme le font habituellement les pélerins. Lorsqu'il rentra, il participa lui-même à des expéditions commerciales. Un hiver, il alla à Orkney avec le jarl Harald, et se trouvait avec lui lorsque Thorkel Fostre Summarlidason fut tué. Sigurd voyagea aussi en Ecosse avec le roi écossais David, qui le tint en haute estime. Après quoi, Sigurd se rendit au Danemark, et d'après ses dires et ceux de ses hommes, il s'y soumit à l'ordalie par le fer pour prouver son ascendance paternelle, et il confirma ainsi, en présence de cinq évêques, qu'il était un fils de Magnus aux Pieds Nus.

    Ainsi en parla Ivar Ingemundson, dans la chanson de Sigurd :

    "Les cinq plus saints

    Des hommes en vie -

    Tous cinq évêques -

    Dirent solennels

    Que le fer brillant,

    Porté au rouge

    Et nulle trace

    Sur la peau

    Prouvaient ses cause

    Et ascendance."

    Les amis du roi Harald Gille, cependant, dirent qu'il ne s'agissait que d'un mensonge, et d'une duperie de la part des danes.

     

    15- Sigurd en Islande

     

    Il a été raconté précédemment au sujet de Sigurd qu'il avait passé quelques années en voyages commerciaux, et il arriva un hiver en Islande, où il se logea chez Thorgils Odson à Saurby. Mais fort peu de monde savait où il était. En automne, lorsque les moutons furent conduits dans un enclos pour être abattus, un mouton qui devait être attrapé courut vers Sigurd, et comme Sigurd pensa qu'il venait vers lui pour qu'il le protège, il le souleva dans ses bras et le porta au dessus de la barrière, le laissant courir vers les collines, en disant : "- Ils ne sont pas si nombreux, ceux qui me demandent de l'aide, alors je peux bien aider celui-ci." Il advint ce même hiver qu'une femme avait commis un vol. Et Thorgils, qui était en colère contre elle pour cela, était sur le point de la punir. Mais elle courut vers Sigurd pour lui demander son aide, et il fit asseoir à côté de lui sur le banc. Thorgils lui demanda de la lui remettre, et lui dit ce dont elle s'était rendue coupable. Mais Sigurd demanda pardon pour elle, puisqu'elle était venue à lui pour obtenir sa protection, et déclara que Thorgils devrait renoncer à son grief contre elle, mais Thorgils s'entêta à vouloir qu'elle reçoive sa punition. Lorsque Sigurd vit que Thorgils n'écouterait pas sa prière, il se leva, tira son épée et le défia de venir la prendre s'il l'osait. Et Thorgils, voyant que Sigurd défendrait la femme par la force des armes, et observant sa mine de commandement, comprit ce qu'il devait faire, cessa de poursuivre la femme, et lui pardonna. Beaucoup d'étrangers étaient présents, et Sigurd leur fit grande impression. Un jour, Sigurd entra dans la salle aux bancs, et un norvégien qui était magnifiquement vêtu, jouait aux échecs avec un des serviteurs de Thorad. Le norvégien appela Sigurd, et lui demanda conseil sur ce qu'il devait jouer. Mais lorsque Sigurd regarda le plateau, il vit que le jeu était perdu. L'homme qui jouait contre le norvégien avait une blessure au pied, de sorte que son orteil était meurtri et que de la matière en sortait. Alors Sigurd, qui était assis sur le banc, prit une paille et la traîna sur le sol pour que les jeunes chats la poursuivent. Il amena la paille juste devant eux, jusqu'à ce qu'ils arrivassent près du pied du domestique, qui, sursautant en hurlant, renversa les pièces d'échecs en désordre sur le plateau. Il y eut ensuite dispute pour savoir comment le jeu était disposé. Cet épisode est donné comme un exemple de la ruse de Sigurd. Les gens ignorèrent qu'il était un clerc instruit jusqu'au samedi précédant Pâques, lorsqu'il consacra l'eau bénite en chantant des cantiques ; et plus il resta, plus il fut estimé. L'été suivant, Sigurd dit à Thorgils avant qu'ils ne se séparent, qu'il pourrait en toute confiance envoyer ses amis à Sigurd Slembidjakn. Thorgils lui demanda à qui il était apparenté, à quoi il répondit : "- Je suis Sigurd Slembidjiakn, un fils du roi Magnus Berrfoetr ". Puis il quitta l'Islande.

     

    16- De Sigurd Slembe

     

    Après qu'Harald Gille eut été six ans (1136) roi de Norvège, Sigurd vint dans le pays et se rendit auprès de son frère le roi Harald, le trouvant à Bergen. Il se plaça entièrement dans les mains du roi, lui révéla qui était son père, et lui demanda ce qu'il en était de leur parenté. Le roi ne lui donna de réponse ni hâtive, ni tranchée. Mais il porta l'affaire devant l'assemblée de ses amis lors d'une réunion spécialement organisée pour l'occasion. Après ce conseil, il fut connu que le roi portait contre Sigurd une accusation, puisqu'il était présent lors de la mort de Thorkel Fostre dans l'ouest. Thorkel avait accompagné Harald en Norvège, lorsqu'il était venu la première fois dans le pays, et avait été l'un des meilleurs amis d'Harald. Ce cas fut instruit si sévèrement qu'une accusation capitale fut prononcée contre Sigurd, et amenée si loin, sur le conseil des lendermen d'Harald, que certains des suivants du roi vinrent tard un soir à Sigurd et l'appelèrent à eux. Alors ils prirent un bateau et ramèrent, s'éloignant de la ville avec Sigurd, en direction de Nordnes dans le sud. Sigurd était assis sur un coffre à la proue du bateau, et soupçonnait que quelque déloyauté se tramait. Il était vêtu de pantalons bleus, et portait au-dessus de sa chemise une capuche nouée par des rubans, qui lui servait de manteau. Regardant vers le bas, il tenait les cordons de son capuchon, et de temps en temps, les passait par dessus sa tête, ou bien les laissait retomber devant lui. Lorsqu'ils eurent passé le promontoire, ils étaient ivres, et joyeux, et ramaient si ardemment qu'ils ne prêtaient attention à rien Sigurd se leva, et gagna le pont du bateau. Mais les deux hommes qui le gardaient se levèrent également et le suivirent sur le côté du vaisseau, le tenant par son manteau, comme le voulait la coutume pour les personnes de distinction. Comme il craignit qu'ils ne cherchent à l'attraper par autre chose que son vêtement, il les saisit tous deux, et sauta par dessus bord avec eux. Pendant ce temps, le navire avait poursuivi sa route, et il fallut longtemps pour que ceux qui étaient à bord parviennent à le faire virer et plus encore pour qu'ils récupérent leurs hommes. Et Sigurd plongea sous l'eau et nagea si loin qu'il parvint à la côte avant qu'ils n'aient pu faire à nouveau tourner le bateau pour le poursuivre. Sigurd, qui était très agile, grimpa dans la montagne, et les hommes du roi la parcoururent toute la nuit en le cherchant sans le trouver. Il se coucha dans une anfractuosité de rocher. Et, comme il faisait très froid, il ôta son pantalon, fit un trou à l'entrejambe, passa sa tête à travers et ses bras dans les jambes. Il sauva ainsi sa vie cette fois, et les hommes du roi s'en allèrent, et ne purent dissimuler leur aventure infructueuse.

     

    17- Trahison contre le roi Harald

     

    Sigurd pensait à présent qu'il était inutile de chercher à nouveau une aide quelconque auprès du roi Harald. Et il resta caché tout l'automne et au début de l'hiver. Il se tint dissimulé à Bergen, dans la demeure d'un prêtre. Le roi Harald se trouvait également en ville, et de nombreux grands hommes aussi. Maintenant Sigurd réfléchissait à la manière dont, à l'aide de ses amis, il pourrait prendre le roi par surprise, et l'amener à sa fin. Nombreux furent les hommes qui prirent part à ce dessein, et parmi eux se trouvaient des courisans et chambellans du roi Harald, mais qui avaient auparavant appartenu à la suite du roi Magnus. Ils étaient tenus en grande faveur par le roi, et certains s'asseyaient toujours à sa table.

    Le jour de la sainte Lucie (13 décembre), dans la soirée où ils se proposaient de réaliser cette trahison, deux hommes se tenaient à la table du roi et conversaient ensemble. Et l'un d'eux dit au roi : « - Sire, nous, compagnons de table, avons à soumettre notre différend à votre jugement, et nous avons fait le pari qu'un panier de miel reviendrait à celui qui a deviné juste. J'ai dit que vous dormiriez cette nuit avec la reine Ingerid, et lui que vous ne passeriez pas la nuit auprès de Thora, fille de Guthorm. »

    Le roi répondit en riant, et sans soupçonner le moins du monde qu'une trahison pût se cacher derrière cette question, qu'ils avaient tous deux perdu leur pari. Ils surent alors où le trouver cette nuit. Mais la garde principale se tenait à l'extérieur de la maison où la plupart des gens pensaient que le roi allait passer la nuit, celle où se tenait la reine.

     

    18- Le meurtre du roi Harald

     

    Sigurd Slembe et quelques hommes qui étaient dans la conspiration, vinrent de nuit avec la demeure où le roi Harald dormait. Tuèrent d'abord la sentinelle. Puis forcèrent la porte, et entrèrent, épées dégainées. Ivar Kolbeinson porta le premier coup au roi Harald. Et comme le roi était ivre lorsqu'il avait gagné son lit pour dormir profondément, il ne s'éveilla que lorsque les hommes de frappèrent. Alors il marmonna dans son sommeil : "- Tu me traites bien durement, Thora." Elle se dressa, disant : "- Ils te traitent bien rudement, ceux qui t'aiment moins que je ne t'aime." Et la vie fut ravie à Harald. Alors Sigurd sortit avec ses complices, et ordonna que viennent à lui les hommes qui lui avaient promis leur soutien si le roi Harald pouvait être éliminé de son chemin. Sigurd et ses hommes allèrent prendre un bateau, se mirent eux-mêmes aux rames, et souquèrent devant la maison du roi. Et c'était justement alors le point du jour. Sigurd se leva, et parla à ceux qui se trouvaient sur le quai du roi, leur faisant connaître le meurtre du roi Harald de sa propre main, et leur disant qu'il voulait qu'ils le choisissent comme chef en vertu de sa naissance.

    Alors des hommes sortirent nombreux de la maison du roi vers la jetée, et tous d'une même voix répondirent qu'ils n'accorderaient jamais obéissance ou service à un homme qui était le meurtrier de son propre frère. "- Et si tu n'étais pas son frère, tu n'as aucun droit de te réclamer de ton ascendance pour être roi." Ils frappèrent leurs épées les unes contre les autres, et déclarèrent que les meurtriers devaient être bannis et déclarés hors-la-loi. Alors sonna le cor royal, appelant au rassemblement tous les barons et les courtisans. Sigurd et ses compagnons comprirent qu'ils était préférable pour eux de céder la place. Il se dirigea vers l'Hordaland du nord, où il tint un Thing avec les bondis, lesquels se soumirent à lui et lui donnèrent le titre de roi. De là, il partit à Sogn, et réunit un Thing avec les bondis, et fut proclamé roi. Et il voyagea vers le nord à travers les fjords, et la majorité de la population soutint sa cause.

    Ainsi en parla Ivar Ingemundson

    "A la chute d'Harald

    Tous les paysans

    Dans Hord et dans Sogn

    Prirent le fils de Magnus.

    Les Things aussi jurèrent

    Leur fidélité

    A cette nouvelle tête

    A la place de Harald."

    Le roi Harald fut enterré dans la vieille église du Christ.

     

    Magnus l'Aveugle, Harald Gille

     

    FIN DE LA SAGA DE MAGNUS BLINDES ET HARALD GILLE

     

     Heimskringla, snorri sturluson, magnus l'aveugle, harald gille                                                                                                                      Heimskringla, snorri sturluson, magnus l'aveugle, harald gille


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  • Heimskringla, snorri sturluson, haraldsonnenes saga

     Heimskringla, snorri sturluson, haraldsonnenes saga

     

    Heimskringla, snorri sturluson, haraldsonnenes saga 

    Saga de Sigurd, Inge et Eystein, les fils d'Harald

     

    1- Histoire des rois Sigurd et Inge

    La reine Ingerid, et avec elle les barons et la cour qui avaient accompagné le roi Harald, résolut d'envoyer un navire rapide à Throndhjem pour faire connaître la mort du roi Harald, ainsi que pour demander au peuple de Throndhjem de reconnaître le fils d'Harald, Sigurd, pour roi. Il se trouvait alors dans le nord, et était élevé par Sadagyrd Bardson. La reine Ingerid elle-même partit immédiatement vers l'est, à Viken. Inge était le nom du fils qu'elle avait eu du roi Harald, et il était éduqué par Amunde Gyrdson, un petit-fils de Logberse. Lorsqu'ils arrivèrent à Viken, un Thing de Borgar fut immédiatement réuni, au cours duquel Inge, qui était dans sa deuxième année, fut choisi comme roi. Cette résolution fut soutenue par Amunde et Thjostolf Alason, en accord avec nombre d'autres grands chefs. Lorsque la nouvelle arriva dans le nord à Throndhjem que le roi Harald avait été assassiné, le peuple de Throndhjem désigna Sigurd, le fils du roi Harald, comme roi. Et cette décision sut soutenue par Ottar Birting, Peter Saudaulfson, les frères Guthorm de Reine, et Ottar Balle, fils de Asolf, et nombre d'autres grands chefs. Après quoi, la presque totalité de la nation se soumit aux frères, et principalement parce que leur père était considéré comme sacré. Et le pays leur prêta le serment que la puissance royale ne passerait à aucun autre homme aussi longtemps que les fils d'Harald seraient vivants.

     

    2- De Sigurd Slembidjakn

    Sigurd Slembe navigua vers le nord dans les environs de Stad. Et lorsqu'il arriva dans More nord, il se rendit compte que des messages et des forces importantes étaient arrivés avant lui de la part des chefs qui avaient prêté allégeance aux fils d'Harald. De sorte qu'il ne trouva là ni bienvenue ni aide. Comme Sigurd lui-même avait pas mal de monde avec lui, il décida de se rendre avec eux à Throndhjem, et d'aller voir Magnus l'Aveugle ; car il avait au préalable envoyé un message aux amis de Magnus. Lorsqu'ils arrivèrent à la ville, ils ramèrent pour remonter la rivière Nid afin de rencontrer le roi Magnus, et attachèrent leurs amarres au rivage près de la maison du roi. Mais ils furent obligés de les délier immédiatement, car toute la population se dressa contre eux. Ils atterrirent alors à l'île des Moines, et emmenèrent Magnus l'Aveugle hors du cloître contre la volonté des moines, car il avait prononcé ses vœux. Certains dirent que Magnus fut d'accord pour les accompagner, puisque l'événement fut rapporté de manière différente en fonction de la cause à défendre. Immédiatement après Yule (janvier 1137), Sigurd poursuivit sa route avec sa suite, attendant de l'aide de ses parents et des amis de Magnus, aide qu'il reçut. Il navigua hors du fjord, après quoi il fut rejoint par Bjorn Egilson, Gunnar de Gimsar, Haldor Sigurdson, Aslak Hakonson, les frères Bendikt et Eirik, ainsi que par la cour qui avait précédemment entouré le roi Magnus, et bien d'autres. Avec cette troupe, il partit vers le sud et More, à l'embouchure du fjord Raumsdal. Là, Sigurd et Magnus partagèrent leurs forces, et Sigurd partit immédiatement vers l'ouest par la mer. Le roi Magnus avança vers les Uplands, dont il escomptait plus d'aide et de forces, qu'il obtint. Il y resta l'hiver et tout l'été (1137), et beaucoup d'hommes avec lui. Mais le roi Inge marcha contre lui avec toutes ses forces, et ils se rencontrèrent en un lieu nommé Mynne. Il y eut une grande bataille, dans laquelle les effectifs du roi Magnus étaient les plus importants. On raconte que Thjostolf Alason porta le roi Inge dans sa ceinture tant que la bataille dura, et qu'il resta sous la bannière. Mais Thjostolf était rudement pressé par la fatigue et le combat, et on raconte couramment que le roi Inge eut une mauvaise santé depuis ce moment, qu'il garda toute sa vie, à savoir qu'il eut une bosse dans le dos et une jambe plus courte que l'autre. Et il fut de ce fait si infirme qu'il put à peine marcher tant qu'il vécut. Mais la défaite commença à se tourner vers Magnus et ses hommes. Et en première ligne de ses rangs tombèrent Haldor Sigurdson, Bjorn Egilson, Gunnar de Gimsar, et un grand nombre de ses hommes, avant que lui-même ne prenne son cheval et ne s'enfuie.

     

    Heimskringla, snorri sturluson, haraldsonnenes saga, mynne

    La bataille de Mynne. W. Westlesen.

     

    Ainsi en parla Kolle :

    "La tempête des flèches aux rivages de Mynne

    Clairsema promptement les rangs de l'ennemi.

    Ta bonne épée faucha le festin des corbeaux

    Sur les rives de Mynne en direction de l'est.

    Bouclier contre targe, boucliers brisés

    Sous les coups de ta lourde hache de bataille.

    Toi qui, à découvert, exhortais la mêlée,

    Jetant au loin cotte de maille et bouclier."

    ainsi qu'ici :

    "Le roi qui appartient aux Cieux s'est enfui,

    Quand toi, éduqué pour le jeu vif de la guerre,

    Venu sans armure et sans targe sur la plaine

    A occis ses gardes tout cuirassés d'acier.

    Les boucliers ornés et les plaques de fer

    Firent bientôt défaut contre tes coups féroces

    A celui-ci, Magnus, qui appartient aux Cieux,

    Te donnant une gloire à nulle autre pareille."

     

    Magnus prit la fuite vers l'est, vers le Gautland, puis vers le Danemark. A ce moment, il se trouvait en Gautland un jarl, Karl Sonason, qui était un grand homme, et ambitieux. Magnus l'Aveugle et ses hommes racontèrent, où qu'il leut arrivât de rencontrer des chefs, que la Norvège était pleinement prenable pour n'importe quel grand chef qui voudrait l'attaquer. Car il lui convenait mieux de dire qu'il n'y avait pas de roi dans le pays, et que le royaume n'était gouverné que par les barons, et que parmi ceux qui avaient le plus d'emprise sur le pays régnait le plus souvent la discorde, due à une jalousie mutuelle. Or Karl, avide de pouvoir, écoutait volontiers ce genre de discours ; il rassembla des hommes, et chevaucha avec eux vers Viken dans l'ouest, où beaucoup de gens, effrayés, se soumirent à lui. Lorsque Thjostolf Alason et Amunde en entendirent parler, ils vinrent avec les hommes qu'ils purent rassembler, et emmenèrent le roi Inge avec eux. Ils rencontrèrent le jarl Karl et l'armée du Gautland à l'est de Krokaskog, où il y eut une grande bataille et une grande défaite pour ce dernier, le roi Inge remportant la victoire. Munan Ogmundson, le frère de la mère du jarl Karl, y perdit la vie. Ogmund, le père de Munan, était un fils du jarl Orm Eilifson, et Sigrid, une fille du jarl Fin arnason. Astrid, la fille d'Ogrnund, était la mère du jarl Karl. Bien d'autres hommes du Gautland tombèrent à Krokaskog, et le jarl s'enfuit vers l'est à travers la forêt. Le roi Inge les poursuivit jusqu'aux frontières du royaume. Et cette expédition tourna au désastre complet pour eux.

    Ainsi en parla Kolle :

    "Il me faut annoncer comment notre seigneur

    Teinta de rouge franc sa lame bleue de glace.

    Les corbeaux s'amusèrent des os gautlandais,

    Et les loups ont perçu les derniers râles gauts.

    Ainsi bien remboursée fut leur farce stupide,

    Lorsqu'à Krokaskog leur rire fut abattu ;

    Fut alors éprouvé ton talent au combat

    Et ceux qui vainquirent peuvent maintenant rire."

     

    3- L'expédition en Norvège du roi Eirik

    Magnus l'Aveugle se rendit ensuite au Danemark chez le roi Eirik Eimune, dont il reçut bon accueil. Il offrit au roi de le suivre s'il décidait d'envahir la Norvège avec une armée danoise, et de soumettre le pays, disant que s'il venait en Norvège avec son armée, personne dans ce pays ne s'aventurerait à jeter une lance contre lui. Le roi se laissa aller à céder à la persuasion de Magnus, ordonna la levée d'une armée, et partit vers le nord avec deux cents navires. Et Magnus et ses hommes l'accompagnèrent dans cette expédition. Lorsqu'ils arrivèrent à Viken, ils progressèrent paisiblement et en douceur sur la rive est du fjord. Mais lorsque la flotte gagna l'ouest, vers Tunsberg, un grand nombre des barons du roi Inge vint contre elle. Leur chef était Vatnorm Dagson, un frère de Gregorius. Les danois ne purent atterrir pour aller chercher de l'eau sans que nombre d'entre eux ne soient tués. Alors ils poursuivirent par le fjord jusqu'à Oslo, où Thjostolf Alason s'opposa a eux. On raconte que certains voulurent transporter le cercueil de Saint Halvard à l'extérieur de la ville le soir où la flotte fut observée, avec autant d'hommes qu'il en fallait pour le porter. Mais le tombeau devint si lourd qu'ils ne purent même pas le déplacer sur le sol de l'église. Le lendemain matin, cependant, lorsqu'ils virent que la flotte faisait voile dans la passe de l'île Hofud, quatre hommes portèrent le cercueil hors de la ville, et Thjostolf et tous les habitants de la cité le suivirent.

     

    4- L'incendie de la ville d'Oslo

    Le roi Eirik et son armée avancèrent contre la ville. Et certains de ses hommes poursuivirent Thjostolf et ses troupes. Thjostolf jeta une lance vers un homme nommé Askel, qui le toucha à la gorge de sorte que la pointe en ressortit dans le cou. Et Thjostolf pensa qu'il n'avait jamais réussi un meilleur tir de lance, car, à part à l'emplacement où il avait touché, il n'y avait aucune zone de peau nue. Le tombeau de Saint Halvard fut emmené en Raumarike, où il resta trois mois. Thjostolf se rendit également en Raumarike, où il rassembla des hommes, avec lesquels il retourna vers la ville dans la matinée. Durant ce temps, le roi Eirik avait mis le feu à l'église d'Halvard, et à la cité, qui avait complètement brûlé. Thjostolf parvint peu après à la ville, avec les hommes qu'il avait réunis, et Eirik appareilla avec sa flotte. Mais ne put atterrir nulle part de ce côté du fjord, parce que les forces des barons étaient assemblées contre lui. Et où qu'ils essaient d'atterrir, ils laissaient cinq ou six hommes, ou plus, sur le rivage. Le roi Inge se tenait avec un grand nombre d'hommes dans Hornborusund, mais, lorsque le roi Eirik apprit cela, il fit demi-tour et prit la direction du Danemark. Le roi Inge le poursuivit, et lui prit autant de navires qu'il put. Et il fut remarqué que jamais une expédition aussi fortement armée n'avait obtenu d'aussi piètres résultats sur les domaines d'autres souverains. Le roi Eirik en fut fort contrarié, et pensa que le roi Magnus et ses hommes s'étaient joués de lui en l'encourageant à entreprendre cette incursion, et il déclara qu'il ne saurait être à l'avenir aussi ami avec eux qu'il l'était auparavant.

     

    5- De Sigurd Slembidjakn

    Sigurd Slembidjakn vint cet été de la mer occidentale vers la Norvège, où il apprit de ses proches la malheureuse expédition du roi Magnus. Il n'espéra donc pas être le bienvenu en Norvège, mais vogua vers le sud, au large des récifs, dépassa la terre et fit route vers le Danemark, et arriva dans le Détroit. Là, au sud des îles, il tomba sur quelques cutters du Vindland, leur livra bataille, et remporta la victoire. Il vida huit bateaux, tua certains des hommes par le fer et pendit les autres.

    Il eut également une bataille près de l'île Mon contre les hommes du Vindland, qu'il vainquit également. Il vogua ensuite depuis le sud en direction du bras oriental de la rivière Gaut, et s'empara de trois navires de la flotte de Thorer Hvinantorde, et Olaf, le fils d'Harald Kesia, qui était le fils de la propre sœur de Sigurd. Car Ragnhild, la mère d'Olaf, était une fille du roi Magnus Berrfoetr. Il conduisit Olaf jusqu'au pays.

    Thjostolf était à ce moment à Konungahella, et avait réuni du monde pour défendre le pays, et Sigurd s'y dirigea avec sa flotte. Ils se tirèrent les uns sur les autres, mais il ne put prendre pied à terre. Et, de chaque côté, beaucoup furent tués, ou blessés. Ulfhedin Saxolfson, l'homme du gaillard d'avant de Sigurd, trouva la mort à cet endroit. Il était originaire d'Islande du nord. Sigurd poursuivit sa course vers le nord et Viken, et pilla la région en long et en large. Lorsque Sigurd fit relâche dans un port nommé Portyria, sur la côte de Limgard, et surveilla les vaisseaux allant à Viken ou en revenant pour les détrousser, les hommes de Tunsberg rassemblèrent une force contre lui, et lui tombèrent dessus inopinément tandis que Sigurd et ses hommes étaient sur le rivage en train de partager leur butin. Certains vinrent par la terre, mais d'autres étaient arrivés directement avec leurs navires en traversant tout droit par le port. Sigurd courut à son bateau, et rama contre eux. Le vaisseau de Vatnorm était le plus proche, et il laissa son navire passer derrière la ligne, et Sigurd put ramer par cet espace, et s'échapper avec un seul bateau et des pertes en hommes conséquentes.

    Ce vers fut écrit sur sur Vatnorm :

    "On dit que le serpent des eaux1

    Se faufila hors de Portyia."

     

    1- Vatnorm signifie serpent d'eau, et il semble qu'il s'agissait aussi d'un kenning apprécié pour « navire de guerre »

     

    Frise par G. Munthe.

    Encadrement : Bouloute créations

     

    Heimskringla, snorri sturluson, haraldsonnenes saga                                                                                                               Heimskringla, snorri sturluson, haraldsonnenes saga


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    6- Du meurtre de Beintein

    Sigurd Slembidjakn vogua de là vers le Danemark. Et à ce moment, un homme était perdu sur son navire, il s'appelait Kolbein Thorliotson de Batald. Il était asis dans un canot qui était attaché au navire, et furieux parce qu'il naviguait trop vite. Lorsqu'ils arrivèrent dans le sud du Danemark, le navire de Sigurd lui-même fut disloqué. Mais il rallia Alaborg et y passa l'hiver. L'été suivant (1138), Magnus et Sigurd naviguèrent de conserve depuis le sud avec sept navires, et arrivèrent de nuit à l'improviste à Lister, où ils tirèrent leurs bateaux sur le rivage. Beintein Kolbeinson, un courtisan du roi Inge, et fort brave homme, se trouvait là. Sigurd et ses hommes sautèrent à terre à l'aube, arrivèrent par surprise sur les habitants, encerclèrent la maison, et commencèrent à mettre le feu aux bâtiments. Mais Beintein sortit d'une réserve avec ses armes, bien équipé, et se tint devant la porte, épée dégainée, bouclier devant lui, heaume sur la tête et prêt à se défendre. La porte était assez basse. Sigurd demanda à ses gars lequel d'entre eux souhaitait le plus affronter Beintein, ce qu'il nomma une œuvre d'homme brave. Mais personne ne sembla très pressé de s'y préparer.

     

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    "Qui affrontera cet homme ?"  W. Westlesen.

     

    Tandis qu'ils en discutaient, Sigurd se rua dans la maison et passa devant Beintein. Beintein le frappa, mais le manqua. Sigurd se retourna instantanément contre lui. Et après quelques échanges de coups, Sigurd lui infligea sa blessure mortelle et ressortit en tenant sa tête dans ses mains.

    Ils prirent tous les biens qui se trouvaient dans la ferme, amenèrent leur butin à leurs navires et s'en furent. Lorsque le roi Inge et ses amis, de même que les fils de Kolbein, Sigurd et Gyrd, les frères de Beintein, entendirent parler de son meurtre, le roi envoya une grande force contre Sigurd Slembe et ses suivants. Et il se déplaça lui-même, et prit un navire de Hakon Paulson Pungelta, qui était le fils de la sœur d'Alask, un fils d'Erling Skjalgson de Sole, et cousin de Hakon Mage. Le roi Inge conduisit Hakon et ses compagnons dans le pays, et emmena tout leur équipement. Sigurd Stork, un fils de Eindride de Gautdal, et son frère, Eirik Hael, et Andres Kelduskit, fils de Grim de Vist, qui tous fuirent dans les fjords. Mais Sigurd Slembe, Magnus l'Aveugle et Thorleif Skiappa naviguèrent au large des îles, avec trois navires, et partirent vers le nord et le Halogaland. Et Magnus passa l'hiver (1139) dans le nord à l'île Bjarkey avec Vidkun Jonson. Mais Sigurd fit couper la proue et la poupe de son navire, et pratiquer un grand trou dans la coque, et le coula au fond de l'Egisfjord, après quoi il passa l'hiver à Tiadalsund sur le Gljufrafjord dans le Hin. Plus haut dans le fjord se trouvait une caverne dans le roc. Sigurd investit secrètement cette place avec ses suivants, qui étaient une vingtaine, et fit pendre une tenture grise devant l'entrée de la grotte, de façon que personne ne la vît depuis la grève. Thorleif Skiappa, et Einar, fils d'Ogmund de Sand, et de Gudrun, fille d'Einar Arason de Reikiaholar, ravitailla Sigurd pendant l'hiver. On raconte que Sigurd fit fabriquer deux bateaux aux laplandais dans le fjord pendant l'hiver. Ils étaient attachés l'un à l'autre avec des tendons de cerfs, sans clous, et avec des branches de saule en lieu et place de jointures, et chaque bateau pouvait transporter douze hommes. Sigurd était avec les laplandais pendant qu'ils fabriquaient les canots. Et les laplandais avaient de la bonne bière, grâce à laquelle ils le divertissaient. Sigurd fit ces vers là-dessus :

    "Dans la tente de Laponie

    Nous avons passé de beaux jours.

    Sous l'ombrage des bouleaux gris,

    Dans des lits ou sur des bancs

    Nous ne connûmes plus de rangs

    Et fûmes un joyeux équipage.

    La bonne bière circulait

    Entre nous assis sur le sol,

    Dans l'ombrage des bouleaux gris.

    Et montaient avec la fumée

    Les rires et plaisanteries,

    Nous fûmes un joyeux équipage."

    Ces bateaux étaient si légers qu'aucun navire ne pouvait les surpasser dans l'eau, en raison de quoi on chanta à l'époque :

    "Nos bateaux finns de peaux cousues nagent légers

    Sur l'océan qu'ils écrèment comme le vent.

    Nos navires sont construits sans aucune pointe ;

    Peu de bateaux voguent ou rament comme les nôtres."

    Au printemps, Sigurd et Magnus partirent vers le sud le long de la côte avec les deux bateaux que les laplandais avaient faits. Et lorsqu'ils arrivèrent à Vagar, ils tuèrent Svein le prêtre et ses deux fils.

     

    7- De la campagne de Sigurd Slembe.

    Après cela, Sigurd vint dans le sud à Vikar, et se saisit des barons du roi Sigurd, William Skinnare et Thorald Kept, et les tua tous deux. Alors Sigurd cabota dans le sud, et rencontra Sturkar Glaesirofa au sud de Byrda, comme il revenait de la ville de Nidaros, et le tua. Lorsque Sigurd vint vers Valsnes, il croisa Svinagrim au large du promontoire, et lui coupa la main droite. De là, ses hommes et lui gagnèrent More, passèrent l'embouchure du fjord de Throndhjem, où ils prirent Hedin Hirdmage et Kalf Kringlaugue. Ils laissèrent Hedin s'échapper, mais tuèrent Kalf. Lorsque le roi Sigurd et son père adoptif Sadagyrd eurent vent des manières de procéder de Sigurd Slembidjakn, et de ce qu'il faisait, ils envoyèrent des gens à sa recherche. Leur chef était Jon Kauda, un fils de Kalf Range, le frère de l'évêque Ivar, et le prêtre Jon Smyril. Ils allèrent à bord du navire le "Renne", qui comportait vingt-deux bancs de rameurs, et était un des vaisseaux les plus rapides, pourchasser Sigurd ; mais comme ils ne purent le trouver, ils s'en retournèrent dans le nord avec peu de gloire. Car les gens dirent qu'ils avaient vu Sigurd et ses hommes, mais sans oser les attaquer. Après quoi Sigurd retourna dans le sud, et arriva à Herdla, où Einar, un fils de Laxapaul, avait une ferme. Il entra dans le fjord d'Hamar, en direction du Thing Gangdaga. Ils s'emparèrent de tous les biens qui se trouvaient dans la ferme, et un langskip de vingt-deux bancs qui appartenait à Einar. Et aussi de son fils, âgé de quatre ans, qui vivait chez un de ses travailleurs. Certains voulaient tuer le garçon, mais d'autres dirent qu'il fallait le prendre et l'emmener avec eux. Le laboureur dit : "- Il ne vous portera pas chance de tuer cet enfant. Et il ne vous sera d'aucune utilité de l'emmener, car c'est mon fils, et non celui d'Einar." Et à ces mots, ils laissèrent l'enfant et s'en allèrent. Lorsqu'Einar revint, il donna au paysan de l'argent pour une valeur de deux pièces d'or, le remercia pour son intervention habile, et lui promit son amitié fidèle. C'est ce que raconte Eirik Olson, qui le premier écrivit cette histoire, et qui avait lui-même entendu la relation de cet événement à Bergen. Sigurd partit vers le sud et Viken par la côte, et croisa Fin Saudaulfson à l'est de Kvildar, qui devait récupérer les rentes et impôts pour le roi Inge, et le pendit. Puis ils firent voile vers le Danemark.

     

    8- De la lettre du roi Inge au roi Sigurd

    Le peuple de Viken et de Bergen se plaignit qu'il était injuste que le roi Sigurd et ses amis restassent tranquillement assis dans le nord à la ville de Nidaros, pendant que le meurtrier de son père croisait benoîtement sur la voie maritime ordinaire au débouché du fjord de Throndhjem. Et le roi Inge et ses gens, au contraire, se trouvaient à Viken, au milieu du danger, défendant le pays et livrant moultes batailles. Alors le roi Inge envoya dans le nord, à la ville marchande de Nidaros, une missive dans laquelle se trouvaient ces mots : "- Le roi Inge Haraldson envoie à son frère le roi Sigurd, de même qu'à Sadagurd, Ogmund Svipte, Ottar Birting et tous les barons, hommes de cour, domestiques, et tout le peuple, riche ou pauvre, jeune ou vieux, ses propres salutations et celles de Dieu. La malchance est connue de tous que du fait de notre jeune âge - tu as cinq ans et j'en ai trois -, nous ne pouvons rien entreprendre sans le conseil de nos amis et autres hommes de bien. Mes hommes et moi pensons que nous sommes à présent plus près du danger, et d'une nécessité commune à tous deux, que toi et tes amis. En conséquence, fais en sorte, dès que possible, de venir à moi, avec autant de troupes que tu pourras, pour que nous puissions être rassemblés pour parer à toute éventualité. Il sera notre meilleur ami celui qui fera tout ce qu'il peut pour que nous soyons réunis, et prendre une part égale en chaque chose. Mais si tu refuses, et ne donnes pas suite à ce message que je t'envoie en grande nécessité, ainsi que tu l'as fait auparavant, alors tu dois t'attendre à ce que je marche contre toi avec mon armée. Que Dieu choisisse alors entre nous. Car nous ne sommes pas en condition ici de rester assis avec de tels frais, et avec des troupes aussi nombreuses rendues nécessaires par la présence de l'ennemi, ainsi que d'autres charges pressantes, pour que tu disposes de la moitié de tous les impôts et autres revenus de la Norvège. Puisses-tu vivre dans la paix de Dieu !".

     

    9- Le discours d'Ottar Birting.

    Alors Ottar Birting se leva au Thing, et répondit le premier : "- Ceci est la réponse du roi Sigurd à son frère le roi Inge – que Dieu le récompense pour son aimable salutation, et de même pour les problèmes et le fardeau que lui et ses amis supportent dans ce royaume, et pour cette nécessité qui les affecte tous deux. Bien que certains pensent qu'il y a quelque chose de cassant dans le message du roi Inge à son frère Sigurd, il a certainement des raisons suffisantes pour qu'il en soit ainsi. Maintenant, je vais vous faire connaître mon opinion, et j'entendrai si le roi Sigurd et les autres hommes de pouvoir la partagent. Et cette opinion est que vous, roi Sigurd, vous prépariez, avec tous ceux qui voudront vous suivre, à défendre votre pays. Et à aller retrouver avec les plus grandes forces que vous pourrez votre frère Inge, dès que vous serez prêt, afin que vous vous assistiez mutuellement en toutes choses pour ce qui est de votre bien commun. Et que Dieu Tout-Puissant renforce et aide chacun de vous ! A présent, roi, nous allons écouter vos mots."

     

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    Le conseil d'Ottar Birting

     

    Peter, un fils de Saudaulf, et qui fut par la suite nommé Peter Byrdarsvein, porta le roi Sigurd au Thing. Alors le roi dit : "- Vous devez savoir à présent que, si je peux être conseillé, je me rendrai aussi vite que possible auprès de mon frère Inge." Puis d'autres parlèrent, l'un après l'autre. Mais, quoique chacun commençât son discours à sa façon, tous le finirent en agréant à ce qu'Ottar Birting avait proposé. Et il fut décidé de faire appel aux forces de guerre, et de se rendre dans l'est du pays. Le roi Sigurd alla de même avec de nombreuses troupes à Viken, et là, il rencontra son frère le roi Inge.

     

    10- La chute de Magnus l'Aveugle.

    Le même automne (1139) Sigurd Slembe et Magnus l'Aveugle revinrent de Danemark avec trente navires, tous avec des équipages de danois et norvégiens. L'hiver était proche. Lorsque les rois eurent vent de cette nouvelle, ils appareillèrent vers l'est avec leurs hommes dans l'intention de les affronter. Ils se rencontrèrent à Hvalar, près de Holm le Gris, le jour suivant la messe de St Martin, un dimanche. Le roi Inge et le roi Sigurd diposaient de vingt navires, tous de grande taille. Ce fut une grande bataille, mais, après le premier assaut, les danois s'enfuirent dans leur pays au Danemark avec dix-huit bateaux. Après quoi les vaisseaux de Sigurd et Magnus furent entièrement vidés, et, comme à la fin, ces deux derniers se retrouvèrent dépourvus d'escorte, et que Magnus gisait sur son lit, Hreidar Griotgardson, qui l'avait longtamps suivi et avait été son courtisan, prit le roi Magnus dans ses bras, et essaya de courir avec lui pour le porter à bord de quelque autre bateau. Mais Hreidar fut touché par une lance, qui passa entre ses épaules. Il tomba en arrière sur le pont, et Magnus sur lui.

     

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    "Hreidar prit le roi Magnus dans ses bras". W. Westlesen.

     

    Et tous les hommes parlèrent de la manière honorable avec laquelle il avait suivi son maître et légitime souverain. Heureux sont ceux qui méritent de telles louanges ! Là tombèrent, sur le navire de Magnus, Lodin Saupprud de Linustadar et Bruse Thormodson. Et les hommes du gaillard d'avant de Sigurd Slembidjakn, Ivar Kolbeinson et Halyard Faeger, qui avaient changé de navire. Cet Ivar était le premier qui s'était rendu nuitamment chez le roi Harald, et avait porté ses mains sur lui. Là tombèrent un grand nombre des amis du roi Magnus et de Sigurd Slembe, car les hommes de Inge n'en laissèrent échapper aucun pour peu qu'ils s'en emparassent. Seul un petit nombre d'entre eux sont nommés ici. Ils tuèrent sur un ilôt plus de quarante hommes, parmi lesquels se trouvaient deux islandais, le prêtre Sigurd Bergthorson, un petit-fils de Mas. L'autre était Clemet, un fils d'Are Einarson. Mais trois islandais sauvèrent leurs vies : Ivar Skrauthanke, un fils de Kalf Range, qui fut par la suite évêque de Throndhjem, et le père de l'archevêque Eirik. Ivar avait toujours accompagné le roi Magnus, et il s'échappa en sautant dans le navire de son frère Jon Kauda. Jon était marié à Cécilia, une fille de Gyrd Bardson, et se retrouvait donc dans l'équipage des rois Inge et Sigurd. Ils furent trois en tout qui s'échappèrent par le bateau de Jon. Le deuxième était Arsbjorn Ambe, qui épousa par la suite la fille de Thorstein à Audsholt. Le troisième fut Ivar Dynta, un fils de Stare, mais du côté de sa mère par sa famille de Throndhjem, un homme très agréable. Lorsque les troupes surent que ces trois hommes étaient à bord du bateau de Jon, ils prirent leurs armes et lui donnèrent assaut, et quelques coups furent échangés, et l'ensemble de la flotte en arriva bientôt au bord de la bataille. Mais on trouva un arrangement, et Jon proposa rançon pour ses frères Ivar et Arnbjorn, pour une somme fixée alors, et qui fut remise par la suite. Mais Ivar Dynta fut pris et amené sur le rivage, et décapité. Sigurd et Gyrd, les fils de Kolbein, ne demanderaient aucun dédommagement pour lui, car ils savaient qu'il s'était trouvé là lors du meurtre de leur frère Beintein. Ivar l'évêque dit qu'il n'avait jamais rien vu qui le touchât autant qu'Ivar allant sur la grève sous la menace de la hache et se tournant vers les autres pour leur souhaiter un séjour heureux dans l'au-delà. La fille de Gudrid Birger, une sœur de l'archevêque Jon, dit à Eirik Odson qu'elle avait entendu Ivar dire ceci.

     

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