• Thrymskvitha

    Pour commencer, à tout Seigneur tout honneur, une vitha simple sur Thor qui, comme la Mère Michel qui a perdu son chat, a perdu son marteau, et demande qui le lui rendra. Anonyme, de style classique, ce texte est plutôt amusant avec un ressort grotesque, mais évoque tout de même la valeur symbolique du marteau comme arme, certes, mais également comme objet cérémoniel pour les bénédictions de mariage. Pratiquant fort mal le vieux norrois, je l'ai traduit de l'anglais.

    Mais d'abord ou en même temps si cela vous chante, un peu de musique sur le même thème ("The lay of Thrym", de Tyr).

     

     

    Bonne lecture.

    kveðja

    Première ligne : la Thrymskvitha

    Le Lai de Thrym

     

    anonyme (Snorri Sturluson ? ou postérieur, peut-être un texte satirique),

    traduit de la version anglaise de H.A. Bellows

     

     

    1- Vingthor, dès son lever, déchaîna sa fureur

     

    Lorsqu'il s'aperçut qu'il n'avait plus son marteau.

     

    Sa barbe s'agita, ses cheveux se dressèrent,

     

    Tandis que le fils de Iord le cherchait partout.

     

     

    2- Oyez à présent son propos, lorsqu'il parla :

     

    «Ecoute bien, Loki, attention à mes mots

     

    Nulle part sur la terre connue des humains,

     

    Ni aux cieux d'en-dessus : mon marteau m'est volé.»

     

     

    3- A la halle claire de Freyja ils allèrent,

     

    Oyez à présent son propos, lorsqu'il parla :

     

    «Peux-tu Freyja, me prêter ton habit de plumes

     

    Afin de partir en quête de mon marteau ?»

     

     

    4- Freyja dit : «A toi, il peut bien être confié,

     

    Même s'il est aussi brillant que de l'argent

     

    Et je te l'accorderais, serait-il en or.»

     

    Lors Loki s'envole, vrombit l'habit de plume,

     

    Laissant derrière lui la demeure des dieux

     

    Et atteignant plus tard la terre des géants

     

     Freya prête l'habit de plumes à Loki. Frolich

     Freya prête l'habit de plumes. Frolich

     

    Le vol de Loki. Frolich.

    Le vol de Loki. Frolich.

     

    5- Thrym assis sur un tertre, maître des géants,

     

    Laisses d'or en main, la pause pour ses mâtins,

     

    Flatte et lisse la crinière de ses coursiers.

     

     

    Thrym,  le roi des géants du givre.

     Le roi des géants du givre.

     

    Thrym dit :

     

    6- «Comment se passe le voyage des dieux ?

     

    Et comment se passe le voyage des elfes ?

     

    Pourquoi viens-tu tout seul au pays des géants ?»

     

    Loki dit :

     

    «Le voyage des dieux se passe plutôt mal,

     

    Et tout pareillement le voyage des elfes.

     

    As-tu camouflé le marteau de Hlorrithi ?»

     

     

    Thrym dit :

     

    7- «Bien sûr, j'ai célé le marteau de Hlorrithi

     

    Huit miles sous nos pieds, éloigné sous la terre,

     

    Et personne ne saurait le récupérer

     

    Si Freyja ne m'est pas accordée en mariage.»

     

     

    Le vol de Loki dans laThrymskvitha. W.G. Collingwood

    Le vol de Loki. W.G. Collingwood

     

     

    8- Lors Loki s'envole, vrombit l'habit de plume,

     

    Laissant derrière lui la maison des géants

     

    Et revenant enfin au royaume des dieux.

     

    Là, se posant dans la cour, il rencontre Thor.

     

    Oyez à présent son propos, lorsqu'il parla :

     

     

    9- «As-tu eu des nouvelles ou bien quelques ennuis ?

     

    On sent que tu as des nouvelles, dis-les vite :

     

    Souvent celui qui attend oublie son histoire,

     

    Et profère des mensonges celui qui traîne.»

     

     

    Loki dit :

     

    10- «Vraiment, j'ai des soucis et des nouvelles aussi.

     

    Thrym, le roi des géants, surveille ton marteau

     

    Et ne le rendra jamais à qui que ce soit

     

    S'il n'obtient pas Freyja pour légitime épouse.»

     


    11- Ils allèrent trouver Freyja aux cheveux clairs.

     

    Oyez à présent son propos, lorsqu'il parla :

     

    «Attache donc, Freyja, ton voile de mariée

     

    Et hâtons-nous tous deux vers la maison des Thurses»

     

     

    12- Freyja s'emporta, s'ébroua furieusement,

     

    Et la grande demeure des dieux trembla,

     

    Et tinta l'imposant collier Brisingamen.

     

    «Je devrais me plier à quelles convoitises

     

    Si j'acceptais d'aller en terre des géants !»

     

     

    13- Lors toutes les divinités se réunirent

     

    Et les déesses vinrent et tinrent aussi conseil,

     

    Et les plus réputés devaient trouver un plan

     

    Pour récupérer le marteau de Hlorrithi.

     

     

    14- Alors Heimdall parla, le plus brillant des dieux

     

    Qui comme les Vanes pressentait l'avenir :

     

    «Lions au chef de Thor le voile nuptial

     

    Parons-le du glorieux collier Brisingamen,

     

     

    15- Des clés tintinabulantes à son ceinturon,

     

    Des jupes de femme étalées jusqu'aux genoux

     

    De miroitants joyaux recouvrant sa poitrine,

     

    Et un joli bonnet pour couronner sa tête.»

     

     

    16- Alors le puissant Thor lui donna sa réponse :

     

    «Mais les dieux me qualifieront d'efféminé

     

    Si du voile nuptial je me laisse coiffer.»

     

     

    17- Loki, fils de Laufey, prit alors la parole,

     

    «Reste silencieux, Thor, et ne parle pas plus.

     

    Les géants pourraient bien résider à Asgard

     

    Si ton marteau ne t'était pas restitué.»

     

     

    18- Alors ils nouèrent sur Thor le voile nuptial

     

    Puis lui passèrent au cou le collier Brisingr

     

     

    19- Des clés à sa ceinture tintinabulèrent,

     

    Et sur ses genoux tombèrent jupes de femme;

     

    De larges joyaux recouvrirent sa poitrine,

     

    Et un joli bonnet vint couronner sa tête.

     

     

    Loki déguise Thor. G.V. Forssell

    Loki déguise Thor. G.V. Forssell

     

    Freya et Idunn déguisent Thor, ce qui fait rire Loki. E. Boyd Smith

    Freya et Idunn déguisent Thor, ce qui fait rire Loki. E. Boyd Smith

     

    20- Puis Loki le fils de Laufey, prit la parole,

     

    «En tant que servante je t'accompagnerai

     

    Nous devons nous hâter vers la maison des thurses.»

     

     

    21- Les boucs furent amenés de la grange à la halle

     

    Tirant sur leur licol, si rapides à la course

     

    Qu'au départ, le roc se fendit, le sol prit feu,

     

    Lorsque le fils d'Odin partit pour Jotunheim

     

     

    22- Lors Thrym, le chef des géants, parla haut et fort,

     

    «Remuez-vous, géants, venez paillez les bancs,

     

    Ils m'amènent Freyja pour qu'elle soit mon épouse

     

    La fille de Niord, originaire de Noatun.

     

     

    Thrymskvida : Thor et Loki déguisés arrivent chez Thrym

     

    23- «Les bêtes aux cornes d'or sont dans mon écurie

     

    Les immenses bœufs noirs, la fierté du géant,

     

    Nombreuses sont mes gemmes et nombreux mes joyaux

     

    Seule Freyja, je crois, manquait à mon orgueil.»

     

     

    24- Le soir tomba bientôt, la bière fut servie

     

    Thor à lui seul mangea un bœuf, et huit saumons.

     

    Et tous les mets, tous les plats dressés pour les femmes,

     

    Et l'époux de Sif but trois tonneaux d'hydromel.

     

     

    25- Lors Thrym, le chef des géants, parla haut et fort :

     

    «Avez-vous vu mariée plus gaiment dévorer ?

     

    Je n'en ai jamais vu avec cet appétit,

     

    Ni de jeune fille buvant tant d'hydromel !»

     

     

    26- Assise tout près, la servante débrouillarde,

     

    Rusée, put répondre aux paroles du géant :

     

    Freyja a jeûné pendant huit journées entières

     

    Tant elle brûlait de parvenir à Jotunheim.»

     

     

    27- Thrym souleva le voile, quêtant un baiser,

     

    Sauta en arrière jusqu'au bout de la halle :

     

    «Pourquoi les yeux de Freyja sont-ils si terribles ?

     

    Il me semble qu'un brasier jaillit de ses yeux.»

     

     

    Le mariage de Thrym. Collingwood.

     Le mariage de Thrym. Collingwood.

     

    28- Assise tout près, la servante débrouillarde,

     

    Rusée, put répondre aux paroles du géant :

     

    «Freyja n'a pu dormir pendant huit nuits entières

     

    Tant elle brûlait de parvenir à Jotunheim.»

     

     

    29- Bientôt s'approcha la triste sœur du géant

     

    Qui craignait de ne pouvoir demander la dot :

     

    «De tes mains je veux recevoir l'anneau d'or rouge,

     

    Si tu veux obtenir mon affection sincère,

     

    Mon affection sincère et un accueil cordial.»

     

     

    30- Alors Thrym, chef des géants, parla haut et fort :

     

    «Apportez le marteau, pour bénir la mariée,

     

    Sur les genoux de la fiancée posez Mjollnir,

     

    Pour que l'anneau de Var nous bénisse tous deux.»

     

     

    31- Le cœur de Hlorrithi en éclata de rire,

     

    Quand le dieu au cœur dur retrouva son marteau :

     

    En premier il terrassa Thrym, roi des géants,

     

    Puis il anéantit tout le peuple des thurses.

     

     

    32- La sœur du vieux géant qu'il avait abattu

     

    Celle qui a mandé la rançon du mariage

     

    Reçut en lieu et place d'un anneau, un coup,

     

    Et de nombreux anneaux, la force du marteau.

     

     

    33- Ainsi le fils d'Odin retrouva son marteau.

     

    (dernière strophe perdue). 

     

    Thrymskvitha, edda poétique

    Thor récupère son marteau... Frolich

     

    Thrymskvitha, edda poétique

    ... et s'en sert. 

     

    Thrymskvitha, edda poétique

     

    Thrymskvitha                                                                                                                                                          Thrymskvitha


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  •  songerune

    Crows fly back, Tarot

     

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    songerune                                                                                                                                                                    songerune


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  • songerune

    Les Echos du Lac Regret.

    C'est le titre d'un morceau instrumental du groupe Turisas. Et ce titre nécessite quelques éclaircissements, tandis qu'on l'écoute.

     

    En 1248, selon les Chroniques d'Eric, Birger fut élevé au rang de Jarl par le roi Eric XI de Suède. Il conduisit la deuxième croisade suédoise en Finlande en 1249-1250, même si d'autres sources la datent autour de 1240, peut-être parce la demande papale d'évangélisation pour cette zone était de 1237. Il conquit et christianisa la région de Häme (Tavastia), obligeant les finnois à se baptiser dans le lac Katuma.

    Dommage pour lui, pendant qu'il organisait l'Eglise dans cette zone et soumettait cette partie de la Finlande à la Suède pour les cinq siècles suivants, son absence de Suède lors du décès du roi Eric en 1250 fit que la couronne lui échappa au profit de son propre fils, Valdemar Birgerson.

    La légende veut qu'une fois la pacification réalisée, et les troupes reparties dans leur pays, les Tavastiens retournèrent au lac Katuma (dont le nom signifie regret) pour se laver du baptême. Le paganisme nordique survécut en Finlande jusqu'au XIXème siècle.

     

    Accueil

    Cliché du lac Katuma par Teroti 

     

    dans une eau lustrale
    se baigner et enlever
    une eau baptismale 

     

    songerune                                                                                                                                        songerune


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  • alvissmal

    The dawning, (Frigga's web), Hagalaz Runedance.

     _________________________

     

    Aujourd'hui, un petit texte que j'aime bien, parce qu'il s'agit d'une collection de "heiti" classiques (courtes périphrases ou synonymes pour désigner quelque chose ou quelqu'un). Et parce que c'est le seul exemple d'histoire où Thor se sort d'une situation sans taper dans le tas, mais par la ruse et le savoir. Comme papa !

     

    alvissmal

    Alvissmal, Collingwood

    Thor discute avec le nain Alviss en protégeant sa fille Thrudr. W.G. Collingwood, 1908

     

    Recueil écrit attribué à Saemundr Sigfusson ou Snorri Sturlusson

    (Traduction des versions anglaises de Thorpe et Bellows, et utilisation de la version française de Régis Boyer )


    Le Dit d’Alviss

     

    Alviss compte fleurette à Thrudr. L. Frolich.

    Alviss et Thrudr. Frolich.

     

    Alviss dit :
    1. Maintenant la fiancée va orner mes bancs
    Et se hâter vers ma demeure
    Je dois sembler à tous pressé de me marier
    Ou chez moi ils ne me laisseront aucun répit.


    Thor dit :
    2. Qui es-tu ? D’où vient cette pâleur autour de ton nez ?
    T'es-tu allongé cette nuit à côté de défunts ?
    Tu me sembles avoir l’aspect d’un nain.
    Tu n’es pas né pour la fiancée.

    Alviss dit :
    3. Mon nom est Alviss ; je réside sous la terre;
    Ma demeure est sous les rocs ;
    Je suis venu parler au Conducteur de Char.
    Les dieux ne doivent pas rompre leur promesse.

    Thor dit :
    4. Moi, je romprai la promesse des Dieux ; car sur la fiancée
    Son père a tout pouvoir.

    Je n’étais pas au logis, lorsqu’elle te fut promise,
    Mais seul, parmi les Dieux, je puis te l'accorder.

     
    Alviss dit :
    5. Quel héros prétend pouvoir disposer
    De la jeune fille rayonnante de beauté ?
    Peu doivent te connaître, vagabond ;
    Qui fut payé d'anneaux pour te mettre au monde ?


    Thor dit :
    6. Je suis Vingthor, le Voyageur Lointain
    Et fils de Sidgrani.
    Contre ma volonté, tu n’auras pas la jeune fille,
    Et ce mariage ne s’accomplira pas.

    Alviss dit :
    7. Je veux à l’instant obtenir ton acquiescement
    Et conclure cette alliance sur-le-champ.
    J'ai longtemps attendu, et ne veux pas renoncer
    A cette vierge blanche comme la neige.

    Thor dit :
    8. L’amour de la jeune fille, ô intelligent convive,
    Ne te sera pas refusé,
    Si, au sujet de chaque monde, tu es à même
    De me dire tout ce que j’aspire à savoir.

      

    Alviss et Thor. L. Frolich.

    Alviss et Thor. Frolich.

     

    Alviss dit :
    9. Tu peux tenter l’épreuve, si tu es avide de savoir
    Jusqu’où va l’expérience d’un nain
    Qui a parcouru les neufs mondes
    Et à qui nulle chose n’est inconnue.

    Thor dit:
    10. Dis-moi ceci, Alviss ! Toi qui connais tout,
    Ô nain, du destin des hommes :
    Comment s’appelle dans, chacun des mondes,
    Cette terre qui s’étend devant les regards des mortels?

    Alviss dit :
    11. Elle s’appelle «Terre» chez les hommes et «Plaine Herbeuse» chez les Ases;
    Les Vanes la nomment «Chemins Prolongés»;
    «Toujours Verte» chez les Géants, «Nourrice» chez les Alfes,
    Les Dieux des sphères éthérées l’appellent «Sol Humide».

    Thor dit :
    12. Dis-moi ceci, Alviss ! Toi qui connais tout,
    Ô nain, du destin des hommes :
    Comment s’appelle, dans chacun des mondes,
    Ce ciel que nous voyons au-dessus de nous?

    Alviss dit :
    13. Il s’appelle «Ciel» chez les hommes et «Voûte Etincelante» chez les dieux:
    Les Vanes le nomment «Générateur de Vent» ;
    Les Géants, «Monde Supérieur»; les Alfes, «Toit Resplendissant» ;
    Les Nains l’appellent «Halle Ruisselante».

    Thor dit :
    14. Dis-moi ceci, Alviss ! Toi qui connais tout,
    Ô nain, du destin des hommes :
    Comment s’appelle, dans chacun des mondes,
    La lune qui apparaît aux regards des mortels?

    Alviss dit :
    15. Elle s’appelle «Lune» chez les hommes et «Corps Flamboyant» chez les Ases;
    Dans les enfers on la nomme «Roue» ;
    Les Géants l’appellent «la Voyageuse»; les Nains, «Lueur» ;
    Les Alfes lui donnent le nom de «Décompte de l’Année».

    Thor dit :
    16. Dis-moi ceci, Alviss ! Toi qui connais tout,
    Ô nain, du destin des hommes :
    Comment s’appelle, dans chacun des mondes,
    Ce soleil qui brille aux regards des mortels?

    Alviss dit :
    17. Il s’appelle «Soleil» chez les hommes et «Lumière du Midi» chez les Dieux;
    Les Nains le nomment «Trompeur de Dvalin»1 ;
    Les Géants, «Brasier Permanent»; les Alfes, «Roue Etincelante» ;
    Les fils des Ases l'appellent «le Tout Pur».

    Thor dit :
    18. Dis-moi ceci, Alviss ! Toi qui connais tout,
    Ô nain, du destin des hommes :
    Comment s’appellent, dans chacun des mondes,
    Ces nuages entremêlés d’averses?

    Alviss dit :
    19. Ils s’appellent «Nuages» chez les hommes et «Espoirs d’Averses» chez les Dieux;
    Les Vanes les nomment «Jouets des Vents» ;
    Les Géants, «Annonceurs de Pluie»; les Alfes, «Puissance du Temps»;
    Dans les enfers on leur donne le nom de «Casques des Secrets».

    Thor dit :
    20. Dis-moi ceci, Alviss ! Toi qui connais tout,
    Ô nain, du destin des hommes :
    Comment s’appelle, dans chacun des mondes,
    Ce vent qui souffle de tous côtés ?

    Alviss dit :
    21. Il s’appelle «Vent» chez les hommes et «Indécis» chez les Dieux ;
    Les Augustes Puissances le nomment «le Hennissant» ;
    Les Géants, «Hurleur»; les Alfes «Courant Mugissant» ;
    Dans les enfers on lui donne le nom de «Rafale Impétueuse».

    Thor dit :
    22. Dis-moi ceci, Alviss ! Toi qui connais tout,
    Ô nain, du destin des hommes :
    Comment s’appelle, dans chacun des mondes,
    Ce calme vent qui dort ?

    Alviss dit :
    23. Il s’appelle «Vent Calme» chez les hommes et «Temps de Bonace» chez les Dieux;
    Les Vanes le nomment «Silence du Vent»;
    Les Géants «Atmosphère Etouffante»; les Alfes «Modérateur de la Journée»;
    Les Nains l’appellent «Refuge du Jour».

    Thor dit :
    24. Dis-moi ceci, Alviss ! Toi qui connais tout,
    Ô nain, du destin des hommes :
    Comment s’appelle, dans chacun des mondes,
    Cette mer sur laquelle les hommes rament ?


    Alviss dit :
    25. Elle s’appelle «Mer» chez les hommes et «Douce Couche» chez les Dieux;
    Les Vanes la nomment «Flot Ondoyant» ;
    Les Géants, «Séjour des Anguilles»; les elfes, «Elément Liquide» ;
    Les Nains l’appellent «Abîme des Eaux».

    Thor dit :
    26. Dis-moi ceci, Alviss ! Toi qui connais tout,
    Ô nain, du destin des hommes :
    Comment s’appelle, dans chacun des mondes,
    Ce feu qui brûle devant les regards des mortels ?

    Alviss dit :
    27. Il s’appelle «Feu» chez les hommes et «Flamme» chez les Ases ;
    Les Vanes le nomment «Flamme Sauvage» ;
    Les géants, «le Vorace»; les Nains, «Incinérateur» ;
    Dans les enfers on lui donne le nom de «Rapide».

    Thor dit :
    28. Dis-moi ceci, Alviss ! Toi qui connais tout,
    Ô nain, du destin des hommes :
    Comment s’appelle, dans chacun des mondes,
    Cette forêt qui croît dans Midgard ?

    Alviss dit:
    29. Elle s’appelle «Forêt» chez les hommes et «Crinière des Montagnes» chez les Dieux;
    Hel la nomme «Algues des Coteaux» ;
    Les Géants, «Aliment du Feu» ; les Alfes, «Beaux Rameaux» ;
    Les Vanes lui donnent le nom de «Bosquets».

    Thor dit:
    30. Dis-moi ceci, Alviss ! Toi qui connais tout,
    Ô nain, du destin des hommes :
    Comment s’appelle, dans chacun des mondes,
    Cette nuit que Nött a engendrée ?

    Alviss dit:
    31. Elle s’appelle «Nuit» chez les hommes et «Obscurité» chez les dieux;
    Les Augustes Puissances la nomment «Capuche» ;
    Les Géants «Absence de Clarté» ; les Alfes, «Réconfort du Sommeil» ;
    Les Nains lui donnent le nom de «Tisseuse de Rêves».

    Thor dit :
    32. Dis-moi ceci, Alviss ! Toi qui connais tout,
    Ô nain, du destin des hommes :
    Comment s’appelle, dans chacun des mondes,
    Ce grain que sèment les gens ?


    Alviss dit:
    33. Il s’appelle «Céréale» chez les hommes et «Blé» chez les dieux ;
    Les Vanes le nomment «Végétation»;
    Les Géants, «Pâture» ; les Alfes, «Etoffe de la Boisson» ;
    Dans les enfers on l’appelle «Tige Mince».

    Thor dit:
    34. Dis-moi ceci, Alviss ! Toi qui connais tout,
    Ô nain, du destin des hommes :
    Comment s’appelle, dans chacun des mondes,
    Cette bière que boivent les fils des mortels ?

    Alviss dit:
    35. On l’appelle «Ale» chez les hommes et «Bière» chez les Dieux ;
    Les Vanes la nomment «Ecumeuse» ;
    Les Géants, «Flot Limpide» ; chez Hel on l’appelle «Hydromel» ;
    Les fils de Suttung lui donnent le nom de «Breuvage des Festins».

    Thor dit :
    36. Dans un même esprit je n’ai jamais trouvé
    Plus grande richesse d'antique savoir.
    Mais j'ai dû te trahir par une vaste duperie :
    Tu t’es laissé surprendre, ô nain, par l’aube ;
    La lumière du soleil brille à présent dans la halle.

     

    Alvissmal, Collingwood

    Alviss se transforme en pierre sous les rayons du soleil.

    Illustration de W.G. Collingwood, 1908.

     

    1 : les nains (ou elfes noirs) sont intolérants à la lumière solaire

     

     

    alvissmal                                                                                                                             alvissmal


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